1907 Aslaug Sjøheks, âgée de 21 ans, donne naissance à une petite fille. Baptisée Linnea Farløs (ou Linnea la Sans-Père, un patronyme courant dans la cité portuaire), cette dernière hérite de ses ancêtres maternels une peau légèrement irisée, qui durcit lorsqu’elle est immergée. Elle sait nager avant de marcher, et est capable de passer de longues minutes sous l’eau de son bain - qu’elle ne prend que glacé, comme sa mère.
1915 Lorsque Halldor Ier accède au trône sorcier, il rejoint Oslo en emmenant avec lui sa favorite, la ravissante Aslaug. Linnea doit quitter les rues de Tromsø, abandonner les aurores boréales qui ont bercé ses premières nuits, et les compagnons de jeu, pour la plupart hybrides et bâtards de marins, qui ont empli ses journées de cris et de chapardages joyeux.
1918 Un nouveau déménagement, cette fois pour les murs froids de Durmstrang. Alors que la plupart des jeunes sorciers se plaignent des rigueurs de l’hiver du Grand Nord, Linnea plonge sans hésitation dans les lacs qui entourent l’académie. Malgré la ségrégation sévère qui sépare les hybrides des autres élèves, elle s’épanouit, devenant une jeune femme au tempérament bagarreur dont les talents sont particulièrement appréciés lors des jeux martiaux.
1921 Lorsqu’elle revient de Durmstrang, l’été de sa troisième année, Linnea n’est plus enfant unique. Elle a un petit frère, Hakon. Un gamin dont sa mère se lassera aussi vite qu’elle s’est ennuyée de Linnea, revenant dès qu’elle le peut dans les bras de son royal amant - avant qu’une autre n’ait pu lui voler sa place, et les avantages qui vont avec cette position officieuse.
1925 Leif et Linnea, Linnea et Leif : plus moyen de voir l’un sans l’autre, plus moyen d’imaginer l’une sans l’autre. À seize ans, Leif dépasse d’une tête le plus grand des sorciers de sa promotion, qu’il peut soulever sans effort d’un seul bras ; et pourtant, ce n’est pas lui le membre le plus redoutable de ce duo improbable. C’est vers Linnea que l’on se tourne lors des joutes navales qui rythment la fin d’année à l’Académie.
1932 Elle a essayé. De devenir une femme, une vraie. D’avoir un métier, un emploi stable, un revenu régulier. Elle s’est faite tisserande, lavandière, pêcheuse… Et puis, enfin, pirate. Elle trouve sa voie, et elle sait qu’une fois en mer elle ne la perdra pas. Elle ne perd jamais son chemin, là où l’eau la porte.
1938 Ses études à peine terminées, Hakon rejoint lui aussi l’équipage de la Cantatrice, un peu contre son gré. C’est une décision de son aînée, à laquelle il n’a jamais su s’opposer, et puis les rues d’Oslo sont de moins en moins sûres, surtout pour le fils bâtard du roi Halldor.
1940 Alors qu’elle est de passage pour se ravitailler, la Cantatrice perd un membre de son équipage, porté disparu au lendemain du premier bombardement qui ébranle la capitale anglaise. Certains affirment qu’il est mort, mais le capitaine refuse de lever l’ancre tant que leur charpentier n’est pas retrouvé. Deux mois plus tard, un autre bateau entend enfin leur appel, et le Solitaire rejoint la Cantatrice sur les quais brumeux de Londres.