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Sam 23 Jan - 1:02 (Δ)
vices en tous genres (drogues, alcool, mention de sexe) tentative de meurtre infantile.
Maxine Lovett
ft. Hannah Snowdon
"Fools, dance with me again."
Ce n'est pas réellement une femme violente. Mauvaise… ça reste à déterminer encore.
Max brûle la vie par les deux bouts.
Autrefois brisée par le fait de ne pas avoir de famille, de n'avoir personne pour qui elle comptait, elle, et pas ses compétences, elle refuse désormais d'y penser et de se laisser affaiblir par ça. Elle est capable de tout, même sans le soutient de quiconque. Elle n'a besoin de personne. Du moins, c'est ce qu'elle croit avec ferveur.
Elle est une jeune femme cynique et narquoise, prônant le bon mot et la satisfaction de voir l'étincelle de bêtise et d'incompréhension dans l'œil torve de ses interlocuteurs, auxquels elle se sent souvent bien supérieure. Mais c'est une femme fragile sous l'assurance qu'elle offre. Effrayée par la peur de se consumer, de ne jamais trouver de raison de s'arrêter. De brûler entièrement, sans jamais laisser de trace, de souvenir à quiconque.
Les Engeances de Belzébuth ont le sang noir, marque de leur flétrissure, de leur incapacité à résister à leurs tentations. Ils se brûleront les ailes au poison de leur choix… mais finiront brûlés quoiqu'il arrive. Par l'alcool, la drogue, la torche d'un ennemi. Qu'importe. Une liberté illusoire. Possédés ainsi par la démesure, ils sont rares à vivre vieux.
Son maître lui a révélé les secrets des tatouages qu'il pratique. Comment lier un corps par l'encre, pour le rendre faible, malade, le tourmenter. Pour le rendre plus fort, plus heureux, le protéger parfois. Ses tatouages, en plus d'être des œuvres, peuvent être, sous certaines conditions, des talismans ou des sceaux impies. Selon l'encre, les paroles prononcées, les ustensiles utilisés, l'ordre des traits et leur forme… Il est possible d'assurer la fertilité, des grossesses heureuses, une résistance à la douleur… ou au contraire, d'induire des souffrances, des défaillances plus ou moins lentes d'organes, des cauchemars…
A ce stade de son apprentissage, Max a encore besoin de consulter des livres procéder aux rituels extrêmement compliqués, bien qu'elle en connaisse un certain nombre par coeur. Elle est cependant capable de faire les tatouages basiques de l'Acromentule sans aucun souci, étant capable, parfois sous surveillance de son maître, d'insuffler à son encre des pouvoirs supplémentaire. Avec un modèle, elle peut reproduire la plupart des sceaux de protection et des sceaux impies simples et avancés, mais il lui faudra étudier de longues années encore pour créer un sceau capable de donner la mort, ou d'empêcher celle-ci. Elle cherche cependant à obtenir le savoir ultime… la liaison d'une âme, sa corruption ou son élévation, savoir réservé aux plus accomplis des maîtres… Ceux-ci sont en effet capables de corrompre une âme jusqu'à lui retirer son libre arbitre, transformant l'être en serviteur zélé… ou au contraire protéger une âme de toute corruption, la rendant insensible à toute tentative de maîtrise de son corps ou de son esprit.
Son maître le lui refuse.
Bois d'if, crin de licorne, 31cm, souple
Chat Sphynx
La noirceur, sa propre noirceur qui s'immisce dans sa gorge, ses narines, qui l'étouffe de son encre.
Le tabac, la fumée de l'opium, l'odeur du sexe, des corps qui s'unissent, celle du gin mélangé à de la vanille, au sang, de l'eau claire sur de la roche, et un soupçon de thé earl grey
C'est ça, la vraie question : avez-vous le sang merveilleusement corrompu par l'encre…
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Sam 23 Jan - 1:02 (Δ)
Bow for us
bow to our supremacy
Fools, kneel for me again
la chronologie est obligatoire, nous vous demandons de détailler au moins cinq date de la vie de votre personnage. merci de supprimer ce texte.
31 octobre 1912 (supposé) - Naissance d'un bébé, quelque part dans les bas-fond londoniens.
31 novembre 1912 - Le bébé est abandonné sur les marches d'une église en pleine nuit, trouvé au petit matin, presque morte de froid, par une paroissienne. Une lettre erratique l'accompagne. Examinée par un médecin, elle est confiée à un orphelinat moldu, et un prénom lui est donné.
13 décembre 1912 - L'on frappe à la porte de l'orphelinat, pour récupérer le bébé : enfant de sorcière, il est impensable de la laisser parmi les moldus. La petite atterrit à l'orphelinat Greengrass, et change de nom pour prendre celui de l'orphelinat.
1914 - La guerre frappe, mais la petite Maxine Greengrass Smith n'en souffre pas trop. La vie à l'orphelinat suit son cours, et elle grandit, silencieuse, calme, solitaire. A son rythme, à sa manière. Pour devenir l'élite sorcière, malgré son caractère et ses particularités.
1916- Premiers signes de magie décelés chez Maxine, qui fait voler sa poupée préférée, Mary, sa confidente, pour la récupérer après un vol.
1918 - Maxine voit Yang Jae-Seong, pour la première. Il reviendra, régulièrement, observer cette petite fille étrange.
février 1920 - Yang Jae-Seong adopte Maxine sous un faux nom, et l'emmène avec lui, dans le manoir Nott. Sa tête est rasée, et la base d'un premier tatouage est encrée à la base de son crâne, pour s'assurer qu'elle ne parle pas de son apprentissage. Jour après jour… il commence à la former.
Septembre 1923 - Max part vers Poudlard, ou elle rejoint les Serpentard. L'enseignement Greengrass, de même que celui de son mentor en fait une jeune fille qui connaît sa place et travaille à s'améliorer. Des capacités magiques certaines lui donnent confiance en elle. Sans doute un peu trop.
1928 - L'année des découvertes. Un premier baiser avec un garçon, puis avec une fille. Les premiers désirs assouvis avec une autre lui font comprendre qu'elle n'aime que ces dernières. Elle le tait.
Juin 1930 - Elle sort de Poudlard avec quelques honneurs et s'empresse de retrouver celui qu'elle considère comme son père, pour parfaire son apprentissage. Retrouver sa place. Son tatouage est agrémenté de motifs, liant à jamais son destin à celui de l'Acromentule.
1931- Progressant dans son apprentissage, elle obtient le droit d'assister son maître lors de ses rituels de tatouages. Elle commence à se tatouer elle-même, pour maîtriser les envies de se jeter dans le stupre, l'alcool, la drogue, de se détruire à petit feu et sans remords.
13 janvier 1933 - A 20 ans, elle tatoue sa première Acromentule, exaltée par la sensation du pouvoir qu'elle a sur l'être qui passe sous ses mains.
1937 - Se jugeant suffisamment puissante, Max réclame à Jae-Seong d'apprendre à lier les âmes par l'encre. Celui refuse, ne la jugeant pas assez sage.
Juillet 1938 - Max part pour un ermitage de deux ans en Corée, sous le regard de la sœur de son mentor qui a pour tâche de vérifier ses dérives, afin de prouver à Jae-Seong qu'elle est digne du savoir qu'il lui refuse. Elle vivra en acète, se consacrant uniquement à ses études, pour augmenter sa puissance. Deux ans paisibles comme elle n'en a jamais connus : elle est loin de toutes tentations.
Juillet 1940 - Elle revient à Londres, pour constater que dans cette ville de débauche, elle est au fond toujours la même. Qu'importe.
'Cause the faint of heart gonna fall apart
This night ain't for the holy man with the holy plan
For the promised land
This night we got the evil hand
And the evil hand gonna raise the dead
Wicked Ones, Dorothy
La femme regarde le nouveau né, encore attaché à elle, encore partie d'elle. Le bébé hurle de toute la force de ses petits poumons la douleur d'être en vie, le froid, les mains de sa mère qui serrent trop fort, qui ne contrôlent par leur force, ne cherchent même pas à le préserver. Une fille, maudite comme elle, couverte de son sang noir. Un démon craché de ses entrailles qui serait tout aussi vicieux qu'elle. Ce serait pitié que de la tuer maintenant, lui éviter la vie d'une Engeance, la vie de débauche, d'excès, de douleur. Ce serait si facile, elle est si fragile. Elle aurait à peine vécu. Personne ne serait triste, ce petit être n'a qu'elle. Et elle n'a plus le cœur pour pleurer qui que ce soit, si?
"
Le mot est glissé dans la couverture qui enveloppe grossièrement le nouveau-né, qui ne laisse pas couler une larme, pas échapper un cri. La mère disparaît dans la nuit, sans un regard en arrière.
Une petite fille de 6 ans, tranquille. Sage, probablement pas. Mais la plupart du temps, Maxine Lovett ne fait pas de vagues. On peut aller jusqu'à oublier son existence même. Elle reste assise dans son coin, cachée derrière ses longs cheveux noirs, jouant avant une poupée ou lisant un livre. Mais parfois…
"Max la Garce! Max la Diablesse!"
La voix est celle d'un garçon de dix ans, qui utilise la méchanceté pour oublier qu'il a été abandonné et que personne ne veut de lui, qu'il n'a rien d'un cadeau de Dieu et qu'il ferait mieux de se faire oublier. En tous cas, c'est ce que Max a identifié. Duncan n'est pas un cadeau, ça non, et il a décidé de s'en prendre à la plus faible quand les Tantes ne regardent pas. Max ne réponds pas, mais ses yeux le fusillent, le dépècent, le massacrent. Il s'approche, traverse la cour, enhardi par les rires des autres enfants. Il faut dire que Maxine n'a pas vraiment d'ami, et que la plupart des gamins de l'orphelinat se méfient d'elle, par cruauté enfantine. Il lui arrache sa poupée des mains commence, par pure méchanceté, à arracher la tête cousue et recousue – ce n'est pas la première fois que cette pauvre Mary perds la tête. Max sent dans son cœur brûler la colère. Flamboyante. Infernale. Dans son ventre, un grondement.
Mais Max n'est pas une gamine stupide. Et elle sait quelles punitions sont réservées aux turbulents à l'Orphelinat Greengrass, ce lieu ou elle doit apprendre à être exemplaire, sans pour autant être gâtée, choyée, sans parfois qu'on ne prenne le temps de répondre à ses innombrables questions, pourtant légitimes à son sens, et qu'importe si c'est la trentième de la journée. D’où viennent les sorciers? Pourquoi doivent-ils être l'élite? A quoi sert le calcul? Pourquoi la méchanceté n'était-elle pas toujours punie? Devant elle, Duncan continue ses commentaires, ses méchancetés alors qu'elle le regarde. Presque incandescente. Si facile murmure la voix instinctive. Il l'a mérité. Et puis… tu en meurs d'envie…
Elle opine, doucement. Elle en a parfois rêvé, de sa vengeance. Souvent. De ce qu'elle lui ferait, si elle était plus forte. Alors elle le regarde plus intensément.
De l'autre côté de la grille, dans la rue, un homme aux yeux bridés la regarde fixement. Elle relève les yeux, croise les siens. Il sourit doucement, et poursuit sa route.
Trop dur. C'est trop dur. Je n'ai plus envie. Je ne veux plus lire ces livres étranges, je ne veux plus apprendre. Je veux faire ce que les autres enfants font. Je veux m'amuser, ne plus penser à rien, ne plus subir cet apprentissage que je n'ai pas demandé.
Maxine est assise sur ses talons, faisant semblant de lire un ouvrage compliqué dans cette langue qu'elle peine encore à déchiffrer. Passant sa main dans ses cheveux encore court, effleurant l'araignée tatouée sur sa peau. Elle n'a qu'une envie, fuir, partir loin. Loin de tout ça. Ne pas être une araignée, ne pas être l'apprentie d'un ritualiste aux méthodes intransigeantes, aux connaissances obscures.
"Tu es ingrate, Maxine."
Jae-Seong ne la regarde même pas, occupé à tracer un motif complexe sur une page de manuscrit. Elle déteste quand il fait ça, quand il lit dans ses pensées. Sors! C'est mon espace, c'est MON esprit! Elle sert les poings.
" Tu appartiens aux araignées. A personne d'autre. Tu t'es liée à moi, à nous. Tu dois obéir, et tu obéiras."
Je ne veux pas. Je veux juste être normale.
"Tu n'as plus le choix, Maxine. Plus depuis le tatouage."
Je ne veux pas être prisonnière. Je veux vivre. Je veux être libre.
"En prenant ma place, tu seras plus libre que tu ne le serais jamais. C'est un honneur et une place de confiance. Tu le réaliseras en grandissant. Je ne t'ai pas choisie par hasard, petite. "
Il retourne à ses occupations, laissant ses pensées en paix. Sans doute. Qui sait? Jae-Seong est difficile à lire. Il est ainsi, son maître plus que son père. On ne sait jamais ce qu'il pense. Toujours calme, toujours mesuré. Elle ne sait pas toujours si elle le hait pour lui avoir volé sa vie, ou si elle l'aime pour lui avoir donné un but, si dur soit-il. Quelque part… elle est fière d'avoir été choisie pour prendre sa suite. Un jour, on la respecterait autant que lui.
"Un jour, Maxine. Si tu te dévoues à l'apprentissage et que tu cesses tes enfantillages."
Il a un sourire discret alors qu'elle le fusille du regard.
Max regarde d'un œil noir les filles du dortoir faire leurs bagages, tout en babillant des inepties. Assise sur son lit, elle est plongée dans un épais grimoire écrit en coréen, prenant des notes, se forçant à ne pas écouter les projets de ses congénères pendant les vacances d'hiver. Qui va retrouver sa famille et skier, qui va simplement passer les fêtes dans la maison de campagne… Et voilà que ça parle de Noël, des cadeaux, de ce bonheur tout simple de retrouver les siens, ceux qui comptent pour elles et pour qui elles comptent. Max serre les dents et raye rageusement une phrase manuscrite, jalouse comme pas permit de cette joie simple qui lui était refusée.
"Et toi, Maxine, tu ne pars pas dans ta famille?"
La question est posée sans doute avec gentillesse – les fêtes sont une période de trêve, même pendant l'adolescence. Pourtant, l'adolescente referme son livre avec force et mauvaise humeur, et fusille du regard sa compagne de chambrée.
" Non."
Le ton est sans appel. Elle se lève. Non, parce qu'elle n'a pas de famille. Personne qui ne réclame sa présence à Noël pour la farcir de dinde aux marrons. Personne qui lui offrira de cadeaux. Pas même de sapin orné. Jae-Seong ne célébrait pas ces "broutilles". Et pour les Nott avec qui elle vit quand elle n'est pas à Poudlard, elle a toujours l'impression n'est pas vraiment de la famille… Juste l'apprentie. La future tatoueuse. Respectée, mais pas aimée. Elle sera toujours une orpheline. Peu importe la place qui lui est réservée plus tard.
La jalousie lui tord l'estomac. Pourquoi ces filles mériteraient-elles plus d'être heureuses, d'être choyée qu'elle? Elle valait tellement mieux qu'elles toutes. Elle prend son livre sous le bras, s'apprête à disparaître. Mais pas sans sa baguette. Dans son ventre, de vilaines couleuvres se tordent dans tous les sens. Un murmure. "Arania creare" et la voilà qui s'éclipse, bercée par les cris de frayeur et d'horreur des jeunes filles découvrant des dizaines d'arachnides se faufiler, avec un peu de chance, dans leurs cheveux et leurs bagages.
Elles n'avaient qu'à pas être si ostensiblement heureuses.
Le regard fermé, elle poursuit sa route.
Avoir une famille, c'était surévalué.
A force de se le répéter… elle finirait par s'en convaincre un jour, non?
Le soleil fait miroiter le bleu de la pierre, créant des reflets céruléen qui se projettent sur le blanc du drap. Max la fait tourner à la lumière, admirant son trophée. Elle sourit, effleurant du doigt le ciselé délicat du serpent d'argent qui encadre l'aigue-marine. Son trésor. Elle avait ses yeux sur le bijou depuis un moment. Le voulait. Il avait attiré son œil au cou d'une femme sans saveur, incapable de le sublimer. Il occupait ses pensées depuis, réveillant une bête enfouie au fond de son ventre. L'acheter? Avec quel argent? Non… Elle avait attendu le bon moment. L'absence de la propriétaire. S'était glissée par la fenêtre, jusqu'à la chambre, jusqu'à la boîte à bijoux. Elle n'avait d'yeux que pour l'objet de sa convoitise. Les émeraudes, l'or et l'argent n'avaient aucune valeur pour elle. Elle avait dérobé le collier. Si cette bêcheuse avait voulu le garder, elle n'avait qu'à y faire plus attention. Personne ne pourrait remonter jusqu'à elle, de toute manière, elle était trop futée pour ça.
Elle passe le collier à son cou, satisfaite de la sensation de l'argent sur sa peau fine. Dans son ventre, la bête est apaisée. Max regarde dans le miroir et sourit.
"Joyeux anniversaire, Max"
Elle termine son verre cul-sec, imperméable au brouhaha autour d'elle. Aux gens qui rient, dansent, se séduisent. Mascarade à la Joyeuse Licorne. Personne ne sait qui est qui, qui se cache derrière les masques portés avec allégresse. Elle a un vague sourire en voyant l'une des prostituées entraîner un client à l'étage. Avec elle, pas de doute, il passerait une bonne soirée, elle était incroyablement flexible, et très douée de ses mains… Dans son ventre, la bête gronde. Je la veux. Elle commande un nouveau verre, offre un sourire à la serveuse qui lui tend son verre, lui effleure le poignet, frissonne à la douceur de la peau.
Ici, elle peut être elle-même. C'est rarement le cas. Cacher son amour des courbes féminines, son envie d'amour, de sueur et de jouissance entre les mains d'une femme, lui pesait au quotidien. Voilà pourquoi elle se retrouvait souvent ici, payant la compagnie que la bienséance lui refusait. Ne pas montrer sa différence, ne pas montrer ses vices, ses tares.
La serveuse lui verse un verre gratuit, avec un clin d'œil, et la bête gronde plus fort. Elle est belle. Une nouvelle. Max, derrière son masque, se mords la lèvre inférieure, imaginant déjà ses mains sur la peau nue de l'inconnue. Pas besoin de savoir ton nom. Pas besoin de savoir quoi que ce soit, à part si elle aussi voulait d'elle. Elle n'a besoin de rien d'autre. Pas aussi alcoolisée.
Elle se lève et se penche sur le bar. L'envie de la prendre dans ses bras, pour l'embrasser, une main sur ses reins. Elle sourit, lui effleure les lèvres du bout des doigts. Elle ne recule pas, au contraire.
C'est toute l'autorisation qu'il lui fallait.
Le reste… qu'importe.
Le reste, elle s'en occuperait à l'aube, en quittant les bras de l'inconnue, ressourcée.
Elle inspire profondément, se regarde dans le miroir. La coupe et le maquillage sont soignés, le cheollik ajusté correctement. Elle avait mis longtemps avant de se faire aux vêtements traditionnels coréens que son mentor aimait à la voir porter. Même s'il lui concédait le port des versions masculines, bien plus pratique que l'ample jupe du hanbok féminin. Max ne se retrouvait pas vraiment dans ces manteaux de soie, bien différents de ses habitudes, mais c'était faite au cheollik, inspiré des tenus mongoles. Elle lisse le col tissé avec soin. Tout devait être parfait pour mettre Jae-Seong de bonne humeur…
Glissant ses pieds dans ses bottes de cuir, parfaitement cirée, elle expire, et sort de son alcôve. Dans la pièce commune, son maître est en train d'étudier, comme à son habitude. Il a un hochement de tête approbateur et un sourire amusé en la voyant arriver, commente alors qu'elle s'incline avec respect devant lui.
"Tu as quelque chose à me demander."
C'est une affirmation. Max s'applique à rester imperturbable. Oh, elle était douée pour tromper son monde, mais Jae-Seong? Jamais. Il voyait clair dans son jeu la plupart du temps. Elle se demandait parfois si c'était parce qu'il l'avait élevée… ou s'il disposait d'une clairvoyance qui lui était propre, obtenue par l'étude, ou peut-être un don…
"Tu penses trop fort. C'est pour ça que tu n'arrives pas à me surprendre."
La voix du vieil homme est affectueuse. Malgré leur relation particulière, et la dureté dont il a parfois pu faire preuve envers elle, il aime sincèrement cette gamine prise sous son aile. Il sait combien elle doute, et avec quels démons elle se débat. Mais il sait aussi que si elle parvient à s'en détacher, elle pourrait bien devenir un jour la tatoueuse la plus puissante que l'Acromentule ait connu. "Si".
La jeune femme sert le thé avec application, et en présente un gobelet à son mentor.
"Maître, je veux vous parler de mon apprentissage."
La voix ne tremble pas : elle s'est entraînée. Il lui fait signe de poursuivre.
"Voilà près de quinze ans que vous m'avez recueillie et formé à l'art du tatouage. J'ai étudié dur et, je crois, fais votre satisfaction, ainsi que celle de la famille Nott. Tous mes tatouages sont une réussite, et vous-même reconnaissez mon talent en me confiant de plus en plus de tâches.
Je souhaite apprendre plus. J'en suis capable."
Elle s'incline, avec respect, inspire.
"Je veux apprendre à lier les âmes par l'encre, Maître."
Le silence règne dans la pièce, brisé uniquement par le bruit d'une gorgée de thé savourée dans le plus grand des calmes par Jae-Seong.
"Non."
La voix du maître coréen n'a pas varié d'un iota. Max baisse les yeux pour ne pas laisser voir l'étincelle de colère.
"Tu es puissante, mon enfant. Et un jour, tu seras plus puissante que moi. Mais ce savoir n'est pas que question d'étude… mais aussi d'être. Tu n'es pas prête."
Elle relève les yeux, proteste.
" J'ai créé une encre permettant l'invisibilité du Demiguise. J'ai trouvé le moyen d'utiliser les cheveux de vélanes pour augmenter le charisme, quand votre mentor ne l'utilisait que pour la luxure, pour la chair. J'ai réussi tous mes tatouages, j'ai même dessiné des nouveaux sceaux de protection, dont certains testés avec succès, je… Je suis prête, Maître. Vous savez que j'en ai les capacités. Si je ne les ais pas, qui les aurait?"
Jae-Seong la regarde avec intensité.
" Mais tu n'en as pas la tranquillité d'âme."
Londres, foutue putain.
Max parcourt les rues familières avec un étrange mélange de dégoût et de satisfaction. La sensation d'appartenir à cette ville, à la crasse de ses rues, à la noirceur de ses impasses, à la flétrissure de son cœur. Elle tourne dans l'Allée des Embrumes, regardant avec un sourire narquois les arnaqueurs qui se cachent dans l'ombre d'un porche, prêts à vendre au marché noir de la marchandise de mauvaise qualité.
Sombres idiots.
Elle inspire profondément l'odeur de fumée âcre. Ici, elle est chez elle.
Pour le meilleur et pour le pire.