Prevail or Paint the Battlefield Red - Daniel Goyle

- MÉFAIT ACCOMPLI -

---

Le match avait commencé il y avait deux heures déjà, les deux équipes étaient au coude à coude, et Daniel, en tant que Capitaine, tentait tant bien que mal de galvaniser ses joueurs, usant des cognards pour frapper ses adversaires sans la moindre pitié. Lui et Eduard avaient déjà éliminé un batteur et un poursuiveur ennemi. Eux n’avaient perdu qu’un poursuiveur. Il captait son attrapeur sortir des limites du terrain, grimaçant en sachant qu’il ne pourrait plus le couvrir, il se rabattit donc sur un des deux poursuiveurs alors qu’Eduard couvrait l’autre.
Le regard de Daniel fut attiré par les attrapeurs qui revenaient déjà, même lui apercevait le vif d’or. La réaction d’Eduard fut immédiate, un cognard filait sur l’attrapeur adverse, le frappant de plein fouet. A son habitude, son petit frère se perdait dans des acrobaties festives, quoique grossières, causant l’hilarité et les acclamations du public. Mais ce faisant, il ignorait le reste du match, et Daniel apercevait trop tard le cognard qui se dirigeait vers son frère. Instinctivement, il plongeait, se plaçant dans la trajectoire du projectile. Le choc le fit immédiatement tomber de son balai. La douleur était pire que tout ce qu’il avait pu vivre dans sa vie, alors qu’il avait l’impression que ses os étaient brisés en millions d’aiguilles qui se plantaient dans ses muscles. Il a perdu connaissance en rencontrant le sol.
La lumière de la chambre de Sainte Mangouste lui avait fait mal à la tête, c’était la première chose dont il se rappelait. La gorge sèche, les sanglots de Zehra. Il la regarde, voit ses yeux or. Il essaie de tendre le bras pour attraper sa main, en vain, il comprend alors, et tout revient, la douleur, et la réalisation que cette vie à laquelle il avait pris goût venait de s’arrêter. Qu’il n’aurait plus cette liberté.
Flynn n’avait pas perdu de temps, au bout de trois jours, Daniel était dans le bureau du Propriétaire et Manager de l’équipe. Forcé d’être témoin de ce qu’il avait perdu. Forcé d’être mis face à son échec. La sensation est brûlante, entre la colère et l’acceptation. Daniel se concentre dans ce qu’il sait faire de mieux, son travail, sa famille, les arènes.
—-
Le repas arrivait à sa fin, Daniel buvait son verre de vin, sa main dans celle de Zehra sous la table alors que son père et son grand-père étaient dans un débat animé sur l’un des derniers combats qu’il y avait eu. Daniel y avait été, récupérant les mises pour les compter et les redistribuer aux gagnants, s’assurant comme toujours que certaines sommes soient mises de côté pour la famille. Il n’avait pas payé attention au match. Mais son corps entier se tendait, sa main serrant celle de Zehra alors qu’il voyait Alexandre s’approcher de Chase. Chase l’appelant, le petit garçon fronçait les sourcils, lui sortant de but en blanc qu’il ne voulait pas venir le voir et qu’il allait continuer à jouer. Face à l’insolence de son arrière-petit-fils, la réaction est immédiate, il sort sa baguette et jette un Doloris sur Alexandre.
Le sang de Daniel ne fit qu’un tour, et avant même qu’il ne puisse s’en empêcher il avait tendu sa main vers son grand père, un sort le frappant immédiatement et mettant fin à la torture d’Alexandre. Zehra courrait immédiatement jusqu’à leur fils. Daniel faisait face à son père et son grand-père, serrant la mâchoire en sachant ce qui n’allait pas tarder.
” Tu oses t’opposer à moi ? “ Daniel ne se démontait pas, fixant son grand-père ” Tu ne t’approches pas de mes fils. S’il y a quelqu’un qui doit les punir, ce sera moi. “ Un rire froid échappait de la gorge de Chase. ” Et je peux savoir ce qui te fais croire que je prends des ordres de toi. “ Le regard de Daniel se faisait glacial. ” Je crois qu’il est tout en ton avantage d’accéder à cette requête, grand-père. “ Un regard insistant et meurtrier dans les yeux. Le crucio ne se faisait pas attendre, son corps fut parcouru d’une douleur violente, pourtant il restait debout, il restait droit face à l’autre, retenant les tremblements de son corps, des larmes s’écoulant simplement de ses yeux.
Quand ce fut fini, il s’était simplement éloigné, s’approchant de Zehra, il avait posé sa main sur leur épaule et avait transplané jusqu’à chez eux. Dès le lendemain, Daniel a commencé l’entraînement de ses fils. Il usera de crucio sur eux, se détestera pour ça, mais sait qu’il n’a pas le choix, ses fils étaient des Gaunt, ils devraient être forts, pouvoir supporter le pire. Mais surtout…Ses fils sauraient se défendre.
—-
Crucio

Le sort frappait le serpent de plein fouet, Gaunt se tortillait à ses pieds, Daniel était à bout de souffle, marqué de coupures, brûlures, et de sortilèges divers qui laisseraient des traces sur son corps. Mais il avait vaincu, il le voyait aux traits d’Hades, que cette fois, il ne se relèverait pas.
Et peut-être était-ce la haine envers Cieran, ou simplement l’envie d’humilier un membre de cette famille qui se pensait pendant si longtemps au dessus des autres, mieux, alors qu’ils n’étaient que des animaux malformés et pas finis. Il avait commencé à uriner sur l’homme, relachant le crucio en riant, la foule acclamait, riait en coeur avec lui. Il visait la bouche de Gaunt en riant, ce dernier crachant en se reculant rapidement. ” J’vais te détruire Goyle, toi et toute ta descendance connaîtront le nom des Gaunt. “ Et Daniel avait rigolé. Sortant sa baguette, prêt à en finir avec lui, il murmurait un Avada, et avant de pouvoir finir, Hadès disparaissait, laissant place à un rat qui fuyait, Daniel essayait de le pétrifier en vain.

Trois jours plus tard, il n’y avait plus de trace du Gaunt, encore une fois, il avait échappé aux Goyle. L’idée d’aller frapper à la porte de Cieran venait à l’esprit de Daniel, il était sur le point de rencontrer son père pour lui en parler quand il fut accueilli par Chase. ”Alors…où est Gaunt ? “ Daniel se tendait alors que son grand père s’approchait de lui ” On ne l’a pas retrouvé…mais…il y a son frère, Cieran. “ Le coup fut direct, à travers son visage, l’envoyant au sol. ” Et faire affaire publique de ton nouvel échec Daniel ? “ Flynn arrivait derrière, et cette fois, c’était les deux hommes qui le soumettaient au Crucio, la douleur était pire que son bras lorsqu’il l’avait perdu, il avait l’impression qu’on lui arrachait les membres à main nue, qu’on lui déchirait la cervelle et les entrailles. Son cœur battait à un rythme archaïque. Et puis un cri, un cri horrible qui fit arrêter les deux hommes qui se retournaient devant Zehra. Les yeux de cette dernière étaient dorés, son visage traversait de spasmes comme si elle ressentait la douleur que lui avait ressenti. Elle avait cru le perdre, et ils savaient maintenant, après quelques examens, malédictions du coeur brisé. Par sa faute. Daniel ne se l’est jamais pardonné, jurant de faire en sorte de ne jamais la déclencher, jurant aussi qu’il se vangerait des Gaunt, par tous les moyens possibles.

—-
Daniel n'avait pas réussi à simplement passer à autre chose. Jouer ce jeu tous les jours avait été une véritable torture, comme toujours, comme depuis le début, il n'avait rien dit, il avait encaissé. Mais maintenant il ne restait que de la colère. Alors ses pas l'avaient mené là, à cette tombe, une bouteille à la main, quoi qu'il l'avait à peine commencée. Il fronçait les sourcils en voyant la silhouette de son frère. Il le voyait tanguer et il n'en fallait pas plus pour comprendre qu'il n'était pas le seul dans cet état. Il s'avançait. ”Eduard Goyle avec autre chose que son cocktail fétiche ? Depuis le temps je me serais imaginé que tu l'aurais fait mettre en bouteille.” Son frère répondait automatiquement, mais Daniel captait facilement qu’il n’allait pas bien. ” S'papa qui t'envoie ? Laisse-moi tranquille…”
Daniel glissait son regard sur la bouteille vide que son frère lâchait. Avalant une gorgée de sa bouteille il la tendait à Eduard  ” Non. J'avais besoin de venir “ il répondait simplement, reposant le regard sur la tombe ” Ils ont réussi a en faire un martyr... “ Son frère semblait ailleurs en répondant ”S’en est un “ Daniel ne répondait pas, pas pour lui, pour lui un homme comme Chase ne méritait pas ce titre.
Un léger silence s’installait, rompu par Eduard ” Est-ce que tu m'en veux…” Il avait subi la même chose, portait la même culpabilité. ” Non. Et toi ? “ Son regard se posait sur son frère alors qu’il récupérait la bouteille pour en boire quelques gorgées "Non.". Il soupirait ” Tu as le droit d’être en colère…tu as le droit d’être triste. “
Son frère le regardait, récupérant la bouteille pour boire. ” T’es pas triste toi Si t'es pas là pour chialer sur sa tombe, t'es là pourquoi ? Danser la gigue ? “ Daniel soupirait, baissant ses yeux sur la pierre tombale. ” J’étais son héritier, pas sa Star “ Donc forcément, pour lui ce n’était pas la même chose, cela faisait des années qu’il avait fait son deuil de cet homme. Depuis qu’il n’avait plus eu le même intérêt à ses yeux. ” Je sais pas. J'en avais marre de faire comme si je lui devais quelque chose. Je comptais boire jusqu'à être saoul et cracher ma rage sur sa tombe. “ Et c’était sûrement la première fois qu’il était aussi vrai avec son frère. ” Il mériterait qu'on pisse sur sa tombe…”
Daniel riait. Un silence de quelques secondes. Puis le bruit de sa braguette qu’il descendait. ” Quand tu veux “ Et il se laissait aller à se soulager sur la tombe, ”P’tain, c’est difficile de pas croiser “ Il ne pouvait s’empêcher de se moquer un peu alors que le jet de son frère s’étallait sur les chaussures de ce dernier. Alors que lui rangeait son engin. Il riait quelque secondes, et l’euphorie était vite passée. ” Si tu veux en parler un jour. Je suis là “ Laissant comprendre que ça n’arriverait qu’une fois, et que plus jamais ils ne le mentionnerait. Son frère ne répondait pas pourtant, usant juste de ce surnom avant de fondre dans ses bras. Et le geste fraternel et protecteur était instinctif alors que son bras valide passait dans le dos de son frère, sa main retrouvant l’arrière de son crâne alors qu’il l’encourageait ainsi silencieusement à se laisser aller.  Lui, lui regardait cette tombe, ce nom, il avait envie de vomir, les images revenant malgré lui. Il le détestait. Encore aujourd'hui, même mort, c'était une ombre qu'il portait et porterait toujours. Un fardeau que seul Eduard partageait.