Do you hear the people sing ? - Marcus

- MÉFAIT ACCOMPLI -

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tw : fausses accusations, pensées suicidaires, tentative de suicide

Tu as fui au petit matin alors que les premières lueurs encore timides de l’aube pointaient à peine par la fenêtre, ne dérangeant qu’à peine le sommeil des autres habitants du Terrier qui s’agitaient vaguement sans que leurs respirations ne s’en trouve perturbées.
Tu as fui au petit matin avant de pouvoir revenir sur ta décision, avant que le visage de tes parents, le sourire de tes petits frères, l’odeur du pain grillé et du chocolat chaud, la sensation de chaleur, d’être chez soi, aimé malgré tout ne te retienne.
Tu savais que ta volonté vacillait facilement face à eux, qu’ils étaient ta force autant que ta faiblesse et tu ne voulais pas faiblir cette fois, c’était ton choix, pour eux, pour qu’ils puissent vivre sans l’ombre d’un déviant qui planait sur eux. On était toujours plus indulgent avec ceux qui n’existaient plus, non ? C’était ce que tu avais remarqué en tout cas, comme subitement les disparus semblaient toujours fantastiques, merveilleux, bien plus couverts de gloire que ceux qui restent, et puis seraient-ils vraiment si surpris ? Tu leur avais toujours dit après tout, dans tes élans emportés, nombreux, qu’un jour, quand tu serai las de l’étroitesse d’esprit de ce monde ou quand tu aurais réussi à faire en sorte qu’il t’appartienne, à en faire ta propre utopie et toi le héros de ta propre histoire, tu partirais vivre parmi les moldus, emprunter une fausse identité, construire une autre vie et renoncer à la magie, même à tes flammes. C’était le cri du cœur d’un rêveur bien sûr, tu te doutais que personne n’avait jamais pris la peine d’y croire, tu n’y croyais probablement pas toi-même la plupart du temps mais tu espérais...Tu espérais qu’ils s’accrocheraient à cette idée pour continuer d’avancer sans toi, tu espérais qu’ils vivraient avec cette image là de toi plutôt que celle qui t’attendait réellement, celle d’un corps de plus au fond de la Tamise, ils ne pouvaient pas savoir de toute façon, même la veille lorsqu’on t’avait déclaré coupable de ces faits ignobles que tu n’avais jamais commis, tu ne t’étais pas effondré un seul instant gardant le silence, le silence comme mépris, le silence comme sentence pour les innocents qui ne seraient jamais entendus, pour les insignifiants dans leurs jeux de pouvoirs, les sans-voix, ceux qui avaient perdu d’avance. Les Weasley contre les Black.

Le jardin le matin te paraissait presque enchanté, enchanteur, les couleurs plus vives et la rosée comme des milliers de perles…Est-ce que tout paraissait toujours aussi magnifique quand on les voyait pour la dernière fois ? Ou est-ce que la nature honorait de sa magnificence les dernières heures dans ce monde de Marcus Weasley qui ayant perdu avant de naître avait pourtant tout fait pour gagner ?
Tu n’en savais rien, c’était ta première fois après tout, jamais tu n’aurais imaginé finir ainsi, tu avais toujours pensé mourir dans de grandes batailles, mourir pour tes idées, mourir en héros quelque part, la figure sacrificielle des grandes épopées, tu n’avais jamais imaginé mourir en silence, mourir du désespoir, de la peur qu’éveillait en toi la vie de celui qu’on déclarait coupable. Tu savais que toutes les portes se fermeraient désormais pour toi et que ta famille souffrirait bien plus qu'elle ne souffrait déjà, c’était l’issue la plus raisonnable. Pas celle que tu voulais mais celle que tu devais. Faire au moins une fois dans ta vie, le bon choix.

Le pont de Londres. Tu ne l’avais jamais réellement vu ailleurs que sur les clichés, sans en penser quoique ce soit, tu ne savais même pas pourquoi de tous les ponts c’était lui que tu avais choisi, peut-être une volonté de quitter cette vie avec toute la théâtralité qui te caractérisait, encore une fois, une dernière fois, mais tu t’y aventurais lentement, chantonnant doucement les quelques vers d’une chanson moldue que tu avais déjà entendue quelque part dans tes escapades interdites, peut-être d’une mère à son nouveau né vagissant dans son berceau, quitte à être théâtral même pour toi-même, autant l’être jusqu’au bout, jusqu’à la toute fin.

London Bridge is Falling Down

Si seulement il pouvait s’effondrer, ce foutu pont d'ailleurs. Si seulement il pouvait te faciliter la tâche, vaciller sur ses fondations pour sombrer dans la Tamise et ne pas te laisser d’autres choix, si seulement tu n’avais pas à chercher en toi le courage d’abandonner alors que tu sentais pourtant l’étincelle de ton envie de vivre, le refus de laisser mourir tout ce qui n’avait pas encore été. Qui ne serait jamais.

Falling Down, Falling Down

C’était toi qui t’effondrait surtout, les larmes qui roulaient le long de tes joues quand tes mains agrippaient la pierre froide, quand le vent s’engouffrait dans tes longs cheveux roux emmêlés.
Tu n’avais pas envie de faire ça, pas envie que la veille au soir ait été la dernière étreinte avec tes parents, la dernière étreinte avec les jumeaux, tu n’avais pas envie qu’ils se réveillent sur ton absence, qu’ils se racontent des histoires pour ne pas avoir à affronter la réalité.

“Il est probablement parti refaire sa vie ailleurs, heureux. C’est probablement mieux comme ça”

Des histoires pour se réconforter, des histoires pour ne pas pleurer.

Des conneries.

Ce n’était pas mieux comme ça, ça ne pouvait pas être mieux comme ça.

London bridge is Falling Down

Ce n’était plus la tristesse, ce n’était plus le désespoir. Assis face au vide, frissonnant quand les premières gouttes de pluie venaient se joindre à tes dernières larmes, c’était la rage maintenant.
Tu l’avais toujours sentie au fond de toi, cette colère qui semblait toujours gratter sous la surface, qui éclatait parfois brièvement, allumait tes fidèles flammes mais tu l’avais toujours fait taire de ton mieux, ne restant que Marcus et ses brefs coup d’éclat, elle semblait pourtant si ardente à présent.

Tu ne pouvais pas.

Tu savais que vivre serait difficile après ça, que tu serai, pour toujours, celui qui avait abusé d’Antarès Black, tu savais que ce serait difficile pour ta famille aussi, d’être le père, la mère, le frère de mais tu ne pouvais pas te résoudre à être la propre arme qui mettrait fin à ton existence, pas maintenant, pas ainsi, pas pour et à cause de lui.
Chaque cellule de ton être refusait que tu le fasses, chaque cellule de ton être semblait réclamer une autre version de ton Histoire alors tu lui obéis, à cet instinct qui semblait te hurler de vivre encore, acceptant le pire et y trouvant également finalement le meilleur.
Quand tout était déjà perdu, quand le Monde nous avait déjà collé une étiquette, décidé de notre culpabilité, alors on était finalement libre, libéré de toutes les conventions, de tout ce qu’on pouvait attendre de nous, pas vrai ? le Monde n’attendait plus rien de toi, tu étais Libre de faire éclater toute ta colère, toute ta violence et toute ta rage, tu étais Libre de monter sur les tables de tous les bars et de hurler ce que personne ne voulait jamais entendre, Libre d’être toi, Libre de bâtir le Nouveau des cendres de l’Ancien, Libre d’être le phoenix que deviendrait après ce matin-là ton patronus.
Tu savais qu’il te restait deux années à étudier, tu savais que Durmstrang t’avait accepté, tu savais que là-bas ils n’auraient pas peur de ce feu que tu portais en toi,  cette colère brûlante, qu’ils sauraient t’apprendre et qu’un jour viendrait où d’une manière ou d’une autre, tu serais capable de faire payer à Antarès Black ses mensonges, capable de tout changer, pour toi, pour eux, pour tous ceux qui n’avaient pas de voix.

My Fair Lady

Abandonnant le pont, tu fis demi-tour, jurant de ne jamais parler de ce moment, qu’il serait le secret que tu mènerais avec toi jusqu'à la fin, celui dans lequel tu puiserais ta Force.

Lorsque tu arrivais ce matin-là dans la cuisine, en retard, tellement en retard qu'en vérité c'était probablement plutôt midi, tu posais simplement un petit paquet sur la table avant de prendre place.

“Ils appellent ça des croissants. C’est français, moldu et merveilleux, il paraît"

Voyaient-ils tous les traces qu’avaient pu laisser les larmes sur tes joues, les yeux rougis et les nœuds dans tes cheveux ? Voyaient-ils ce nouveau regard plus dur qui marquait tes traits désormais ? Ou ne voyaient-ils que Marcus, le frère, l’enfant qu’ils aimaient ?