Jake Price est parmi vous

- MÉFAIT ACCOMPLI -

---

25 Décembre 1902
Je poussai mon premier cri, une nuit d’hiver enneigée, dans la jolie cité de Chester, au nord de l’Angleterre.

J’étais un enfant très turbulent et colérique… Cette rage. J’ignorai la raison de sa présence au fond de mon être. Elle était seulement une de ses multiples facettes de ma personnalité.

Mais malgré ça, mes parents, Lila et Ethan, étant des sangs-purs, m’élevèrent avec leur façon de penser : les moldus n’avaient pas leur place dans le monde magique. Ainsi, ils soutenaient la CMP.
Par la force des choses, ayant été éduqué ainsi, je ne pouvais que partager leurs idées…


1907 à 1912 :
M’intéressant assez rapidement à la magie, je me plongeai bien tôt dans la lecture des ouvrages qui regroupaient l’histoire des anciens sorciers.

Un livre me marqua en particulier : « l’Histoire de Poudlard ». Je ne parlais pas du passage qui faisait référence au ciel faussement étoilé, non… Mais plutôt au chapitre dédié aux fondateurs de cette prestigieuse école. Salazar Serpentard… Sur les quatre, lui seul retint réellement mon attention. Il aurait, d’après sa biographie, désiré garder l’école exclusivement aux nés sorciers.
Du haut de mes 8 ans, je me rappelle avoir soupiré longuement après avoir lu ses quelques lignes. J’aurais tant aimé le rencontrer. A mes yeux, il était le seul qui avait eu le courage de dire les choses… C’était ce qui aurait dû se passer ! Mais c’était sans compter sur les trois autres fondateurs de l’école… Par leur faute, Salazar quitta l’école…
J’étais en colère contre ses derniers. Ça aurait pu changer tellement de choses…


1914
J’entrai à Poudlard. Le Choixpeau me plaça à Serpentard.
Ma première année se passa tranquillement… Je fis gagner des points à ma maison grâce notamment à mes connaissances, et à ma débrouillardise concernant les potions.

Je ne prêtai guère attention aux détails qui m’entouraient…


1915 :
Ma scolarité à Poudlard se poursuivit. Je découvris plusieurs choses me concernant… Ces choses m’effrayaient… Ses fameux « détails », n’en n’était pas… J’avais des moments où je voyais des choses que personne d’autre ne voyait… Au début, je mettais ça sur le dos de la fatigue… Jusqu’au jour où, assis seul sous un arbre du parc, je vis un homme étranger à l’école. Il paraissait vieux, et en piteux état. Il marchait en direction du lac. Il y eut un éclair vert et l’homme disparu.
Mon cœur s’accéléra. Avais-je rêvé ?!  
Ce ne fut que le lendemain, dans la Gazette, que j’appris qu’un de leur journaliste avait perdu la vie, la veille. A plusieurs kilomètres de là. Il était mort sur le coup, après avoir reçu un Avadakedavra. Il aurait magouillé dans de mauvaises affaires mais… Ce ne fut pas ce détail qui retint mon attention, mais la photo animé du journal. C’était l’homme de ma vision.

Afin de sortir de mes états de chocs, j’avais pris pour habitude de sortir le livre de cours que j’attrapai de mon sac, le grimoire des potions, de le sortir et de l’ouvrir sur mes genoux, comme si j’étais en train de réviser. Ainsi, les yeux posés sur des lignes que je ne lisais pas, je listai en réalité tous les ingrédients utiles aux potions, que je connaissais, dans l’ordre alphabétique, rien qu’en regardant les images :

« Achillée sternutatoire, aconit, actée en épi, aile de Billywig, aile de fée, alchémille, algue, alihotsy… »

Ainsi, mon cerveau s’évertuait à se concentrer sur autre chose, quelque chose de bien réelle. Il m’arrivait de faire cette liste, trois, quatre, parfois cinq fois avant que ses élèves finissent par disparaître...

J’avais la sensation de devenir fous…

Mes dons de médiums étaient en train de se manifester...


1916 :
Troisième année à Poudlard. Je m’efforçais de maintenir un niveau d’excellence malgré la rage qui me poursuivait encore. Ce trait de ma personnalité, faisait que je m’isolai beaucoup des autres, ce qui m’arrangeait quelque part, lorsque les visions me reprenaient… Suite à ça, mes résultats se firent ressentir et je dus parler à mon professeur de mon anxiété. Ce dernier travailla avec moi durant son temps libre, afin d’essayer de m’aider à les contrôler… En vain.
Je me résolus donc à vivre en tâchant d’ignorer les visions macabres.


1917 et 1918 :
Au cours de ma quatrième et cinquième année, à Poudlard, mes visions sont devenues plus fréquentes, plus sombre également. Ca me mettait dans tous mes états et forcément, ma rage, elle, augmenta également. Je devenais un jeune homme constamment à fleur de peau. il ne fallait pas se prendre le bec avec moi, au risque de finir à l’infirmerie.


1919 :
Je fis ma sixième rentrée à l’école de sorcellerie…

Un jour, un misérable sang de bourbe de Poufsouffle du nom de Lukas, eut la « bonne idée » de trafiquer ma potion durant un cour… Elle explosa littéralement, manquant de peu de me brûler le visage. Toute la classe s’était mise à rire…
La rage au ventre, j’attendis pourtant sagement la fin du cour avant de suivre discrètement le fauteur de troubles, tel un loup traquant sa proie… Mon intention : la vengeance ! Je sentais mon sang battre à mes tempes. Je voulais le voir parterre ! En sang, avec un peu de chance. Mes poings me démangeaient tellement…
Je le suivis ainsi jusqu’au parc. Pour une fois, il n’y avait personne, seulement nous…
Alors mon pas se pressa, réduisant ainsi la distance qui me séparait de lui.
Dès que je fus assez proche, je le saisis au poignet et lui fit faire volte-face afin de le regarder dans les yeux. Ils étaient d’un bleu si intense… Le temps se suspendit…

« On m’a forcé… »

Murmura le jeune Poufsouffle. Je lisais la crainte dans son regard azur. Il ne mentait pas… Mon cœur manqua un battement. Ses yeux se posèrent sur mes lèvres. Il ne m’en fallut pas plus pour venir les cueillir des miennes dans un baiser aussi soudain qu’impensable. Je venais de découvrir un pan de moi dont j’ignorai totalement la présence jusqu’à lors : j’aimais autant les femmes que les hommes. Cette découverte me donna le tournis. Je m’en voulais. La rage se manifesta de nouveau… Tandis que mon camarade se rapprocha de moi, moi au contraire, je me reculai d’un pas… Puis mon poing se serra avant de s’abattre sur sa mâchoire. Lukas tomba en arrière tant le coup fut puissant. Je ne lui en voulais pas personnellement non, mais ça avait été ma façon à moi d’encaisser cette information. J’apprenais déjà à vivre avec ma maladie. Ses voix… Et voilà qu’à présent, s'ajoutait à cela la déviance…
Mes mains passèrent dans mes cheveux tout en lâchant un cri de colère avant de quitter le parc, le laissant là, dans l’incompréhension la plus totale…

Je m’isolai le reste de l’année…
Je ne me retrouvai plus, pire, j’avais embrassé un sang de bourbe. Qu’est-ce qui m’arrivait ?!

Pire encore, j’appris par la Gazette du Sorcier, que, suite au 11 novembre, des milliers de nés-moldus, étaient entrés sur les terres anglaises…


1920 :
Lors de ma dernière année, je découvris que Lukas s’était mis en couple avec une jeune femme… Je compris bien vite qu’il refoulait sa véritable attirance envers les hommes afin de ne pas éveiller le moindre soupçon sur son orientation…

Moi ? J’avais dix-sept ans, je flirtai avec d’autres jeunes filles. Je m’assurai qu’elles soient de sang pur avant de me rapprocher. N’arrivant plus à savoir qui j’étais réellement suite à mes excès de colère, je préférai virevolter de fleur en fleur, plutôt que d’en choisir qu’une seule…

La fin d’année arriva…
J’étais seul dans la salle des potions. Je rangeais les fioles. J’appréciai le bruit de ses dernières qui s’entrechoquaient en faisant tinter le verre. J’étais déjà nostalgique. Je savais que c’était ma dernière année et que je ne retrouverai pas cette ambiance…

Dos à la porte, je ne remarquai pas qu’un élève avait fait irruption. Jusqu’à ce que je sente mon poignet saisit par une main. On me fit tourner, un volte-face…

« ça ne te rappelle rien ?.. »

Les yeux bleus. Lukas était là, devant moi. Ma main libre avait déjà dégainé ma baguette.

« Tu comptes me rendre la baigne ?.. »

Fis-je avec dédain, allant jusqu’à tendre la tête vers le jeune homme. Un coup ne m’effrayait pas… Mais il devrait s’attendre à ce que je réponde.

« Je ne suis pas là pour me battre… »

Je plissai les yeux avant de l’attraper par le cou de ma main libre. Je le fis tourner afin d’échanger nos rôles. Cette fois, c’était lui qui se retrouvait bloqué contre le mur…

« Je suis là pour m’excuser de t’avoir ignoré… Je… Je regrette. Je t’ai vu, je sais pourquoi tu m’as frappé… C’est peut-être con mais… Je ne t’en veux pas. »

Mes doigts se desserraient de son cou, tandis que je l’écoutai attentivement. Une fois qu’il eut fini, il se rapprocha de moi, sans me quitter des yeux. Ses lèvres n’étaient plus qu’à quelques centimètres des miennes…

« Everte statum… »

Murmurais-je, ma baguette toujours dirigée vers lui.
Son corps déjà contre le mur, glissa contre, jusqu’à atteindre violemment l’angle de la pièce. Plusieurs fioles se brisèrent à son passage. Lukas retomba ensuite lourdement à terre.

« Tu pensais sincèrement avoir la moindre chance avec moi, misérable sang de bourbe ?.. »

Je compris à son regard, que je venais de le briser… Je souris satisfait avant de sortir pour la toute dernière fois, des cachots de l’école…


1921 :
Pour éviter d’être en contact avec les Moldus, et pour éviter de me faire remarquer avec mes visions afin d’être plus tranquille, je décidai de vivre près du chemin de Traverse, plus précisément dans l’allée des Embrumes… J’y achetai une boutique et en fis un commerce de potions de toutes sortes, et plus ou moins légales…

Pour les confectionner, il m’arrivait assez fréquemment d’aller directement sur le terrain afin d’en ramasser les ingrédients. J’utilisai la poudre de cheminette pour me rendre où bon me semblait, du moins quand c’était possible.
En effet, pour les lieux peu, voir pas habités, je devais me résoudre à utiliser les bonnes vieilles méthodes, à savoir : mes pieds.


Les affaires étaient fleurissantes. J’avais des clients de toutes sortes, et certains pouvaient compter sur ma noirceur d’âme pour leur fournir des ingrédients tout aussi rares que dangereux… Je connaissais d’ailleurs bien les risques de ses cueillettes particulières. J’avais conscience de ne pas être l’unique sorcier sur le coup. Une cicatrice, le long de mon flanc droit, me le rappelait chaque jour, vieux souvenir d’un soir à mes débuts, ou ma route avait rencontrée celle d’un confrère plus rapide. Je me souviens encore qu’il m’avait blessé avec son couteau de poche, avant de s’en aller avec mes récoltes…


Mes appartements quant à eux se trouvaient à l’étage et y accueillaient hommes ou femmes en fonction de mes envies… Bien évidement je faisais en sorte que personne ne se rende compte de quoi que ce soit… Ma déviance n’avait pas à être su des autres…


1929 :
J’avais 27 ans lorsque le krac boursier débuta… Des malheureux étaient poussés au chômage. Tous les corps de métiers étaient touchés et ne laissait présager rien de bon quant à l’avenir de l’économie du pays.
Bon nombre de famille au sang pur, moi y compris accusâmes ceux qui ne l’était pas, d’être responsable de cette crise.

J’eus malgré tout la chance d’éviter le naufrage de mon commerce. J’eus d’ailleurs une recrudescence de commandes.


3 septembre 1939 :
On déclara la guerre à l’Allemagne. Étant un sorcier, j’évitai ainsi de me faire enrôler.
Je me terrai encore et toujours dans l’Allée des Embrumes, préférant continuer mon modeste commerce… M’occuper des marchandises était comme une aide à mon problème de médium, qui revenait un peu plus à cause de la guerre. En effet, je voyais les soldats, leurs derniers instants avant le trépas… Pour éviter de sombrer davantage dans cette violence qui je tenais déjà, je m’obligeai à tout répertorier. Je savais exactement ce que j’avais en réserve. Penser à autre chose, encore et toujours plus concret afin d’oublier ses choses autour de moi, ses personnes qui n’étaient pas vraiment là.


1940
Qui dit stress, dit rage. Elle ne m’avait pas quitté depuis ma douce enfance. J’étais devenu violent, allant jusqu’à frapper les clients trop alcoolisés, des tavernes à proximités, sans raison. Et c’était bien ça le souci… J’avais besoin de frapper les bonnes personnes. Voilà pourquoi ma rage ne disparaissait pas. Voilà pourquoi j’étais autant à fleur de peau…


7 septembre 1940 :
C’est le jour des élections. Les Allemands en profitèrent pour bombarder Londres… Par chance, l’Allée des Embrumes fut épargnée. Mais cela n’empêcha pas la panique de m’envahir… Je voyais toujours plus de morts. Ils essayaient de me parler mais, je m’évertuai à les ignorer, à faire le sourd face à leurs requêtes…
Ce jour-là, la boutique était fermée, une chance ! Je m’étais isolé dans mon appartement à l’étage. Foutue visions… Je finis parterre, dos au mur, les yeux fermés, tentant de me réveiller de « ce cauchemar » interminable.


8 Septembre 2040 :
Dès le lendemain des bombardements je reçus une quantité folle de clients, venu chercher soins en tout genre. Je fis probablement mon meilleur chiffre d’affaire depuis l’ouverture de la boutique, malgré mon état de fatigue, due à la nuit blanche de la veille.


14 Septembre 1940 :
Plusieurs heures durant, des civils se cachèrent au Chemin de Traverse.


15 Septembre 1940 :
S’en est trop, je recherchais activement un groupe anti-moldu. J’avais besoin de frapper, j’avais besoin de tuer… Ma rage ne réclamait qu’une chose : exploser.

3 Octobre 1940 :
Je fus contacté par un membre de l’Acromentule. Cet individu se présenta sous le nom de Tomas et me proposa de revendre des potions de l'Acromentule. Mes affaires avec la Mafia commencèrent ici…