( L I O N E S S ) ; you must be a weasley.

- MÉFAIT ACCOMPLI -

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«  Oliver,

Je ne suis pas douée pour l’écriture. Tu le sais, tout le monde le sait. Moi je parle, je crie, je hurle, je fais des mauvaises blagues et après je me tais. Mais tu vois, il est trois heures du matin et tu n’es pas là. D’habitude, je n’aurais qu’à te donner rendez-vous dans le bar du coin pour m’adresser directement à toi, mais t’es parti. Ou plutôt, on t’a arraché. Alors, je n’ai pas d’autre choix que de t’écrire.

Le monde est devenu fou, Oliver. Et tu le sais, et je le sais, et certainement que ceux qui le rendent aussi tortu le savent aussi. Tellement fou que c’est pour ça que t’es parti. Qu’on t’a pris, et que tu t’en es allé pour défendre une patrie qui n’hésiterait pas à te marcher dessus. C’est dégueulasse. Et j’ai envie d’hurler. Surtout que t’es pas fait pour te battre, hein ? T’es plutôt du genre poète, à manier les mots, mais pas une arme. Tu me l’avais dit le premier soir où on s’est rencontrés, à la sortie de ce match de Quidditch que je venais de commenter. Que tu aimais les mots. Que t’aimais bien les miens, d’ailleurs, parce qu’ils viennent du coeur. Il pleuvait, je m’en souviens. Et je crois que je n’ai pas été très polie, d’ailleurs, parce que j’avais froid. Puis on est allé boire, on est allé rire, et ça allait mieux.

T’as rien à faire là-bas. T’étais bien mieux dans ce bar, avec moi. Cette fois-ci, puis toutes celles qui ont suivi. Tu es piètre danseur, mais certainement que tu feras un pire soldat.

Ici, tout va à vive allure. Avec mes frères, on essaie de garder la tête haute. Je continue de commenter mes matchs, eux, ils continuent de se battre à leur manière. C’est bizarre de vivre une guerre de loin, tu sais. Ça paraît presque pas réel. Et j’aimerais faire plus, tellement plus, mais je ne sais pas comment. Si tu étais là, certainement que tu m’ébourifferais les cheveux et que tu te moquerais. Ou alors, tu me réconforterais. Parce que t’es doué pour ça, aussi. Les mots, et puis réconforter.

Puis j'ai peur. Ça ne m'arrive pas souvent, encore moins souvent que de l'avouer, mais je suis terrifiée.  De plein de choses en même temps, ça me donne le tournis. J'ai peur de perdre mes proches, mes amis. Puis toi. Même si je t'ai peut-être déjà perdu, qui sait ; je préfère ne pas y penser, mais c'est plus fort que moi. Ça me hante la nuit, si bien que je suis obligée de prendre quelques potions somnifères pour fermer l'oeil. Pas souvent, je te rassure. Mais des fois, quand même, c'est plus que "jamais".

Tu sais, je t’ai déjà dit que je ne regrettais jamais rien. Que c’est pas dans mon vocabulaire, le « regret ». Mais il y a bien quelque chose qui me reste en travers de la gorge, en travers de la tête, maintenant que t'es plus là.

Tu te souviens, Olivier ? Quand t’as essayé de m’embrasser, le soir d’Halloween, l’année dernière ? Et que je t’ai frappé ? Peut-être que j’aurais dû te laisser faire. Même si tes lèvres collaient, que tu sentais l’alcool et le faux sang. Même si on avait trop chaud, même si un abruti avait renversé son jus de citrouille sur mon haut, même si j’avais la joue qui me grattait à cause du maquillage. Même si je voyais flou. Parce que t'as jamais réessayé.

J’aurais dû te laisser m’embrasser. Au fond, j’en avais envie. Au fond, si tu ne l’avais pas fait, peut-être que c’est moi qui me serais penchée pour le faire.

J’aurais dû.
Je suis désolée de t’avoir frappée. Je suis désolée.
Je regrette.

Alors, promets-moi un baiser si tu reviens quand tu reviendras. Même si t’as les lèvres qui collent, que tu pues l’alcool. Promis, je te frapperai pas, cette fois. Je te laisserai faire. Et puis, qui sait, peut-être qu’on recommencera. Une, deux, trois fois. On s’en fiche, on arrêtera de compter, à force. Puis si un jour on s’aime, j’essaierai de pas te repousser, de pas te faire fuir. Et si un jour on se marie, je commencerai à me brosser les cheveux, à me tenir droite, à mettre des fleurs dans le vase de l’entrée parce que tu m’as dit que tu aimais ça - les fleurs dans l’entrée d’une jolie maison. Je te montrerai comment je cours quand je deviens un animal. J'ai progressé, d'ailleurs - et tu m'as tellement demandé de me transformer devant toi, pour voir. Promis, je le ferai. Puis je te montrerai comment je peux te rendre fou de rage puis fou de moi. Puis les deux à la fois.

Pardon, Oliver. J’aurais pas dû te frapper. J’aurais pas dû. Et j'ai tellement peur que tu m'en veuilles, depuis. Que tu me détestes.
Reviens, s’il te plaît. Qu’on regarde des "et si" devenir des possibilités.

Il est tard. Ou tôt, au fond, je sais pas. Ça n'a plus d'importance.

Réponds-moi. Quand tu pourras, réponds-moi. Dis-moi si tu m'en veux ou pas, ou peu importe - écris n'importe quoi. Insulte-moi, même, si t'as envie. Je m'en fiche. J'ai juste envie de te lire. Tes jolis mots me manquent.  

Dotty. »