Symphony of pain - Cieran

- MÉFAIT ACCOMPLI -

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TW: VIOLENCE - SANG - MUTILATIONS - VIOLENCES PATERNELLES - MYSOGINIE - HOMOPHOBIE - LANGAGE CRU - HOMOSEXUALITE - PATRICIDE - SUICIDE (mention) - INCESTE (mention) - RACISME - VIOLENCES CONJUGALES -

les passages en italique sont en Fourchelangue

” Sales moldus, des crasses, des insectes qui tournent autour de leur propre merde...ils mériteraient de crever tous autant qu’ils sont “ Le sifflement caresse les oreilles de Cieran, il lève les yeux le gamin, quitte le monde bien trop rassurant de ce vieux bouquin à la couverture moisie entre ses doigts. ” Les sorcier sont devenus trop mous, des incompétents, tous, accepter de vivre avec ces moins que rien… ” Malachy gronde, il se lève finalement, l’air négligé qu’il avait toujours, cette vieille pipe à tabac entre ses lèvres fines il pose un regard mauvais sur son fils ” Qu’est-ce que tu fous encore avec ce livre toi ? Je t’ai pas déjà dit que lire c’était pour les faibles ? Cette école te pourris la tête. “ Le gosse ne répond pas, il baisse les yeux, sait déjà comment ça va finir ” Tu m’regardes quand j’te parle fils de putain !  “ La baguette était déjà sortie, un impero qui force le gosse à se lever, s’approcher de son père, à quelques centimètres, le nez qui se fronce sous l’odeur de l’alcool et du tabac froid. ” J’en ai marre de tes manières, j’vais faire de toi un putain d’homme “ Le premier coup tombait, et comme d’habitude, le gamin ne disait rien, retenait les larmes qui menaçaient de couler, sachant bien que pleurer n’arrangerait rien. Après tout un homme ne pleure pas, un homme ne montre pas qu’il est blessé, au fil des années ça finissait par rentrer. Alors il subissait, il sentait le goût métallique du sang dans sa bouche. ” Je suis désolé Père. Je ne vous décevrai plus. “ L’autre crachait au sol. Les yeux fixant son fils avant de finalement se reculer, soupirant. ” T’as bien intérêt. J’élève pas des tapettes ici. Range moi ce putain de livre. “ Le garçon se penchait pour attraper le bouquin ” Avec ta baguette putain ! T’es pas un sale cracmol que je sache ! ” Le gamin avalait difficilement sa salive, n’ajoutant aucun mot sachant bien que sa voix tremblerait. Il sortait sa baguette, la serrant entre ses doigts, ce serait tellement facile d’en finir ici, une bonne fois pour toute. Pourtant ce n’était qu’un accio murmuré qui s’échappait, le livre atterrissant entre ses mains fines. Il s’éloignait, fuyant la pièce, fuyant cette maison. Dans la forêt alentour, où il pouvait être en paix, sans son frère aîné, sans son père. Son serpent autour de son bras se glissait à son oreille. ” Tu devrais réagir, lui tenir tête “ Le gamin baissait les yeux sur l’animal, s’asseyant contre un grand arbre, sous l’ombrage des feuilles épaisses. ” Ca viendra. “. Et il ouvrait de nouveau le livre, les yeux se perdant sur les écritures anciennes. Un jour il réussirait, il se défendrait, il ferait comprendre à son père qu’il n’a pas besoin d’être un crétin comme son aîné pour être un homme.

Les murs de Poudlard avaient quelque chose de rassurant, et il aimait en parcourir les couloirs, bien que la plupart du temps il soit coincé dans la bibliothèque ou dans les gradins du terrain de Quidditch pendant les entraînements d'Arcturus, c'était probablement l'une des seules personnes avec lesquelles le Gaunt passait du temps. Il avait vite compris que ce que son père voyait comme une fierté et un honneur, le nom des Gaunt n'était en réalité plus qu'une illusion dans le monde sorcier, certains l'utilisaient même comme une insulte. Il avait été traité de taré, de fou, de mage noir alors qu'il n'avait encore que treize ans. Et il fallait voir le nombre de personnes qui changeaient de direction quand il s'approchait. Même dans les rangs de Serpentard parmi les autres sang-purs il n'avait jamais vraiment sa place. Il partageait leurs idéaux, d'ailleurs il n'avait probablement pas le choix, lui aussi considérait moldus et impurs comme des maladies. Mais il n'était pas riche, sa famille était pour beaucoup d'autres grandes familles pures qu'une ombre d'un passé glorieux. Et pourtant il aurait tout donné pour ne pas avoir à rentrer chez lui quand les vacances venaient, il avait d'ailleurs depuis sa première année passé ses Noëls à Poudlard, ça arrangeait bien Malachy d'avoir une bouche en moins à nourrir et de ne pas avoir à regarder la mauviette qui lui sert de fils dans les yeux. Au moins ici il avait ses bouquins et il avait Hel, son serpent. " Bon dieu, quel genre d'idiot choisi un crapaud comme animal de compagnie " Cieran lâchait un éclat de rire, bien trop fort, alors qu'un crapaud sautait dans la main d'un élève face à lui " Ils doivent se dire la même chose pour un serpent Hel " l'animal venait se glisser derrière son cou la tête près de son oreille " Mais toi tu peux me parler, t'imagines si tu pouvais parler aux crapauds ? Quelle honte ce serait… " Cieran s'apprêtait à répondre mais il fut propulsé contre un mur par un sort, ses livres s'écrasant au sol alors qu'il tentait de sortir sa baguette qui lui échappait des mains immédiatement sous l'effet d'un expelliarmus. Le Gaunt grimaçant levant les yeux vers le groupe d'élève qui lui faisait face " On t'as déjà dit de parler Anglais dans les couloirs, sale monstre !" l'entourage de la brute éclatait de rire, comme si cette phrase était la meilleure blague qu'ils avaient entendu " Parceque tu comprends l'anglais ? Je pensais que les débiles dans ton genre ne se comprenaient qu'entre eux. " Cette fois, aucun rire de la part de l'assemblée, pourtant il était plutôt fier de sa répartie. Mais son vis à vis semblait être d'un autre avis alors qu'il tendait de nouveau sa baguette, il ne fallut pas plus pour que Hel bondisse sur l'élève, s'enroulant rapidement autour de son cou alors que l'autre essayait de se débattre. Effectivement, plus pratique qu'un crapaud. Cieran restait quelques secondes immobile, alors que l'autre commençait à se débattre pour tenter de récupérer un peu d'air, les foule autour de lui semblait horrifiée, l'un d'eux avait tenté  d'arracher Hel par la force mais le serpent avait planté ses crocs dans le bras dès qu'il s'était présenté. Les yeux de Cieran reflétaient eux une folie bien particulière, quelque part l'autre méritait ce qui lui arrivait, Malachy serait fier de lui, enfin il serait le fils que son père attendait. Ce fut une main sur son épaule qui le sortait de sa torpeur, les yeux d'Arcturus dans les siens. "Il a compris la leçon Cieran…" Le gaunt hochait la tête " Hel, ça suffit " l'ordre était plus fort que d'habitude, le sifflement faisant frissonner l'assemblée alors que le serpent relâchant sa prise, rampant jusqu'à la jambe de son maître. "Vous….vous avez vu ! Ce monstre a voulu me tuer ! Un taré j'vous dit !" Arcturus se plaçait devant Cieran, le Black avait quelque chose de rassurant, et une prestance incroyable pour son jeune âge, face à lui même l'autre idiot reculait. " Dégage. Ou c'est moi qui te tuerais." l'autre s'exécute, non sans balancer plusieurs insultes alors qu'il s'éloignait. Cieran se penchait pour ramasser sa baguette et ses livres. " Ça va ? " Le Black s'approchait, replaçant une des mèches blondes du Gaunt derrière ses oreilles. Des frissons parcouraient sa nuque et son dos. Pendant quelques secondes il avait l'impression que le monde entier avait disparu autour de lui. Il ne restait que les yeux perçants d'Arcturus, son odeur, son souffle qui venait se poser sur la peau du sorcier. " Je...oui oui, ça va. Je dois y aller. " Gaunt repoussait le Black, l'écartant pour presser le pas dans les couloirs. Se dirigeant vers le seul endroit dans lequel il se sentait à sa place, glissant dans les toilettes des filles du deuxième étage, " ouvres-toi " Il se glissait dans l'ouverture les larmes roulant dans ses yeux. Un monstre, il n'était rien de plus qu'un monstre.

Les yeux émerveillés, le Square Grimmauld n'avait rien avoir avec ce qui servait de résidence aux Gaunt. Il savait évidemment que la famille d'Arcturus était plus qu'aisée mais il ne s'attendait pas à autant de grandeur. Cette famille avait de quoi être fière de son héritage, cela ne faisait aucun doute. Cieran s'était d'ailleurs perdu lors de son arrivée chez les Black pour les vacances de Noël à s'imaginer ce que les Gaunt auraient pu s'offrir si Malachy n'avait pas perdu toute leur fortune en jeux et en alcool. Peut-être alors aurait-il pu lui inviter Arcturus chez lui à Little Hangleton. En attendant, il ne se sentait pas du tout à sa place chez les Black, d'ailleurs ces derniers n'avaient pas vraiment cherché à cacher leurs aversion envers sa famille. Mais Cieran avait l'habitude des regards en coin et des messes basses à son passage. Et puis il ne restait ici que quelques jours, Arcturus avait convaincu son père de laisser le Serpent passer Noël avec eux. Et Cieran avait fait preuve d'une gentillesse qui n'était pas dans son caractère, serviable et aimable, oui le père d'Arcturus était sévère, mais il n'avait rien à voir avec Malachy, ce dernier était simplement méchant, il y avait en revanche quelque chose chez Alaric qui laissait transparaître l'amour qu'il avait pour ses fils. Les trois frères eux étaient inséparables, ils avaient passé le plus clair de leur temps à suivre l'aîné sans poser de question, encore une chose qui avait surpris Cieran, cet amour fraternel qu'il ne croyait être qu'un mythe. Lui n'avait ce genre d'affection que pour Vesper. La nuit était tombée depuis longtemps déjà, le repas de veillée de Noël s'était terminé très tard, là encore il n'avait jamais rien vu de tel, même le banquet de Poudlard ne rivalisait pas avec la ribambelle de plats qui s'étaient succédé. Et l'atmosphère joyeuse et paisible avait suffit à convaincre Cieran que sa propre famille n'avait rien de fonctionnel. Il s'était ensuite retiré dans la chambre qu'il partageait avec Arcturus, assis sur un des deux lits, Hel venait se hisser jusqu'à lui. Il n'avait pas eu l'occasion de passer du temps avec son serpent, et il avait l'habitude qu'elle soit sa seule compagnie, mais parler fourchelangue ici ne lui avait valu que des sifflements désapprobateurs de la part des portraits, et des questions beaucoup trop complexes de la part des Black. "  Quand rentrons-nous à Poudlard ? " Le Sorcier soupirait, le temps était passé trop vite, il aurait aimé passer toutes les vacances ici mais son père n'était au courant de rien, et il espérait garder ça comme ça. " Demain soir, Professeur Black nous raccompagne. " Le serpent se glissait sur les jambes du sorcier " Arcturus rentre aussi ? “ Cieran baissait un regard étonné vers le serpent " Non, il ne va pas couper court à ses vacances pour moi. T'as vu cette maison ? Si c'était moi qui vivait aussi et que mon grand-oncle était directeur de Poudlard je peux t'assurer que je rentrerai tous les week-endroits " Le Sorcier se levait, attrapant le serpent pour la remettre dans son vivarium, il n'aimait pas l'enfermer, mais il doutait que les Black apprécient d'avoir un serpent en liberté dans leur demeure ancestrale, lui même après tout avait reçu des ordres clairs de ne pas explorer la maison. " J'espère que Vesper ne s'ennuie pas trop… " Il avait longuement hésité mais elle l'avait poussé à accepter l'invitation de Arcturus, une décision qu'il espérait ne pas regretter. Se retournant pour enfiler son pyjama la porte s'ouvrait sur Arcturus qui restait immobile quelques secondes avant de fermer derrière lui. " Désolé, je pensais que tu dormais déjà...père avait quelque chose à nous dire, ça a pris plus de temps que prévu " Cieran sourit timidement, enfilant rapidement ses habits, les joues teintées de rouge. " Je n'arrivais pas à dormir. Mais tu n'as pas à t'excuser….Arc' je voulais te remercier. Ce Noël était le plus beau Noël de ma vie. Je suis heureux de l'avoir passé avec toi " Le Black souriait un peu venant s'asseoir sur le lit en enlevant sa cravate et en déboutonnant sa chemise sous le regard un peu trop insistant de Cieran qui se détournait après quelques secondes d'immobilité. " J'espère qu'un jour tu m'inviteras chez toi en échange " Cieran lâchait un rire gêné, hors de question que Arcturus ne pose un pied chez les Gaunt. Sa famille n'était pas ouverte aux étrangers, et même si être de sang-pur lui valait plusieurs points d'office, Cieran ne voulait pas que Arcturus ne rencontre son père, il ne comprendrait pas, essaierait de défendre le Gaunt et ça finirait mal. Les choses étaient bien comme elles étaient actuellement, Arcturus loin des Gaunt. " Viens t'asseoir " Cieran se retournait, découvrant Arcturus torse nu sur le lit. Cieran avalait difficilement sa salive, sentant son coeur accélérer le rythme face au corps du jeune sorcier. Il se forçait à penser à autre chose. Il était hors de question qu'il fasse quoi que ce soir de déplacé, il avait essayé d'éviter ce genre de proximité avec Arcturus, il savait qu'il tournait pas rond, depuis quelque temps déjà il avait eu des pensées déplacées pour le Black. Et il savait que si Arcturus l'apprenait il le perdrait pour de bon, peut-être même qu'il allait le dénoncer au directeur. Non, garder le contrôle était plus important. Cieran s'avançait, s'asseyant silencieusement sans pour autant croiser le regard du Black. " Je suis content que tu sois venu, c'est mon plus beau cadeau " Cieran lâchait un sourire un peu gêné mais sincère. Il ressentait la même chose à son égard. Arcturus était son meilleur ami, un des seuls d'ailleurs qu'il considérait comme tel, en qui il avait entièrement confiance. " En parlant de ça. Je t'ai pris quelque chose. C'est pas énorme mais je me suis dit que ça pourrait te plaire " Le Gaunt se levait, faisant signe à Arcturus de le suivre. Il ouvrait le couvercle du vivarium de Hel, aux côtés de son serpent se trouver un autre python noir, plus jeune, Cieran glissait sa main pour l'attraper ignorant le sifflement de désapprobation de Hel. Il se tournait vers Arcturus, le petit serpent entre les mains qu'il tendait à son ami. " Joyeux Noël. " Arcturus restait silencieux quelques secondes, approchant doucement la main de l'animal, comme par peur de l'effrayer, puis il le prit entre ses doigts, le serpent sifflant doucement quand les doigts du Black venaient le toucher. " Il t'aime bien… " Arcturus avait un énorme sourire sur le visage, comme si c'était le plus beau cadeau qu'on aurait pû lui faire. Le serpentard restait avec son serpent quelques secondes avant de le remettre dans le Vivarium, gardant ses distances avec Hel qui avait déjà essayé de le mordre plusieurs fois depuis qu'il connaissait Cieran. Il se retournait ensuite vers le Gaunt qui n'avait pas bougé d'un centimètre. Et c'est à ce moment-là que le destin des deux garçons avait basculé. Quand Cieran avait vu Arcturus s'avancer, glisser une main derrière sa nuque, quand leurs lèvres s'étaient rencontrées. Le temps avait semblé s'arrêter. Cieran ne savait pas comment réagir au début, rompre le baiser, s'éloigner, s'indigner, jouer la comédie encore une fois, fuir comme d'habitude quand il avait eu envie de céder à ses pulsions malsaines. Mais il n'en fit rien, au contraire, il avait répondu au baiser. Comme si c'était la dernière nuit avant la fin du monde. Des mois d'appréhension, de peur, pour qu'au final ce soit Arcturus qui fasse le premier pas. Puis vint le moment où l'air venait à manquer, le Black se séparait du Gaunt et déjà Cieran en voulait encore, comme si son être tout entier refusait de laisser tomber  de se séparer d'Arcturus. " Je pouvais pas m'en empêcher. Je suis désolé Cieran mais ça fait trop longtemps que je veux faire ça " Le Gaunt n'avait rien répondu, il n'avait rien dit, il avait simplement repris le baiser où il s'était arrêté, ils parleraient plus tard, quand la magie aurait disparu, quand la réalité les rattraperait, pour ce soir il voulait rêver encore, faire de ce séjour un moment inoubliable. Les premières étreintes adolescentes gênées et timides. Les premiers baisers maladroits et les caresses furtives avaient rythmé cette nuit. Il s'était endormi dans les bras d'Arcturus.

Cieran attendait avec impatience sa rentrée à Poudlard. Comme chaque été passé chez lui, il comptait les jours qui le séparaient de la liberté. Et surtout qui le séparaient d'Arcturus, tout un été sans le voir, sans aucune lettre, même si cette décision venait du Gaunt, il arrivait à peine à accepter leur relation, si son père s'en rendait compte, il était bon pour finir dans le vieux cimetière dans lequel les Gaunt avaient leur crypte. Il avait passé l'été à son habitude à s'occuper de Vesper et d'Alcide, ignorant le comportement ignoble de ce dernier, le fils parfait aux yeux de Malachy qui ne ratait pas une bonne occasion d'envoyer Cieran à l'abattoir. Ses frères étaient plus qu'heureux de voir Malachy lâcher toute sa rage sur le cadet, Hades en profitait même souvent pour montrer à Malachy à quel point il était digne de lui. Le sorcier s'avançait silencieusement dans la maisonnée, à son habitude, un vieux livre à la main, il était très tôt et personne dans sa famille n'était connu pour être matinal. C'était son moment, celui où il pouvait s'échapper quelques heures dans la forêt alentours, il y avait ses habitudes, ses coins tranquille où il était sûr de ne croiser personne, ni ces fichus moldus qui se croyaient chez eux partout où ils mettaient les pieds, ni sa famille qui ne s'aventurait pas si souvent dans les profondeurs de la forêt. Il s'approchait de la porte d'entrée de la maison quand son regard se posait sur une vision d'horreur, son père tenait une lettre dans sa main, et Malachy était connu pour ne jamais ouvrir les lettres. Mais pire encore il reconnaissait le parchemin, les bordures dorées, le symbole des Black sur le dos du papier. Arcturus…. Il n'eut pas le temps de bouger que son père sortait déjà sa baguette. Il avait vu Malachy en colère, beaucoup plus qu'il n'aurait fallu pour comprendre que cette fois c'était totalement différent. Ce n'était pas de la colère mais de la rage, de la haine, du dégoût, une vision d'horreur qui déchirait le peu de confiance en lui qu'avait acquis Cieran par rapport à sa relation avec Arcturus. Un retour brutal à la réalité, il laisse tomber son livre, sortant lui aussi sa baguette pour contrer le premier maléfice jeté par le père qui allait ricochet contre un mur faisant trembler toute la maison déjà en salle état. " UNE SALE TAPETTE SOUS MON TOIT ? " la voix était violente, grave. Cette fois il ne s'en sortirai pas, il en était convaincu Cieran, serrant le bois de sa baguette dans ses doigts jusqu'à en blanchir ses phalanges. " C'est pas…" les mots n'eurent pas le temps de sortir qu'une douleur vive parcourait le corps encore chétif de l'adolescent. " TU FERMES TA GUEULE " Sous l'effet du Doloris, le jeune homme tombait au sol, serrant la mâchoire de toutes ses forces pour ne pas hurler. Quelques secondes plus tard, son père venait l'attraper par les cheveux, rompant le maléfice mais envoyant son fils rencontrer le mur. Le choc fut violent mais Cieran relevait les yeux, soutenant le regard de son père, usant de tout son courage pour ne pas se recroqueviller sur lui-même, comme son instinct lui intimait de le faire, sachant bien que ça n'arrangerait rien. Après tout, son père le voyait déjà comme un faible, un moins que rien, à peine un homme. Maintenant il n'est plus qu'un monstre, une tâche dans la lignée des Gaunt. " L'héritier de Salazar Serpentard qui s'envoie en l'air avec un mec ? Tu nous as pris pour qui ? Tu fais honte à ton nom " La baguette se levait de nouveau mais cette fois le corps de cieran répondait de lui même " Confringo !" Son père réussissait sans problème à contrer le sort, mais le choc de l'explosion le fit reculer de quelques pas, on pouvait critiquer Malachy, mais il était un sorcier puissant, il savait se battre et Cieran ne faisait absolument pas le poids contre lui. Pourtant le duel était lancé et le fils répondait au père, coup pour coup, sortilège après sortilège pour ce qui semblait être une éternité jusqu'à ce que finalement le gamin se vit arracher sa baguette. L'air fou du père ne disparaissait pas pour autant. Alors que par réflexe Cieran tendait deux doigts vers sa baguette, un diffindo précis venait couper son index et son majeur. Le cri poussé par le fils semblait renforcer la vigueur paternelle qui s'esclaffait soudain dans un éclat de rire morbide. La douleur était omniprésente, il voyait son regard s'assombrir. Alors qu'il portait sa main blessée à son torse. Ne pouvant retenir les larmes et les tremblements. Le pire, c'était le sang, son odeur, sa chaleur alors qu'il s'écoulait sans s'arrêter. " C'est la dernière fois que tu pointes ta baguette sur moi c'est clair ? Les monstres dans ton genre c'est pas que les doigts qu'on devrait leur couper. " Le gamin ne répondait pas, il entendait qu'un mot sur deux, s'efforcait de reprendre son souffle. Serrant sa main validé sur l'autre pour stopper l'hémorragie de son mieux. Mais quand les doigts de Malachy venait se fermer autour de son cou, il ne pouvait qu'ouvrir les yeux, fixer son père, ce monstre qui l'avait mis au monde. L'air venait à manquer, mais bizarrement, il n'avait pas peur, comme si c'était finalement la délivrance qu'il attendait. Mais finalement alors qu'il se sentait couler dans les bras de la mort, un lashlabask fit lâcher prise au père. Une quinte de toux achevait de vider le gosse de ses forces alors qu'il tentait de reprendre tant bien que mal sa respiration. Ses yeux se posaient sur sa mère. La baguette coincée sous la gorge du père. " Il a compris Malachy. " Le sifflement était sec, violent, rares étaient les fois où Pandore venait secourir ses enfants, la mère qui semblait toujours l'esprit ailleurs, rongée par ses démons. Pourtant il avait l'air effrayé Malachy, il voyait la même rage que la sienne, en écho dans le regard de sa femme. Il se tournait alors vers son fils " Écoute moi bien sale fils de pute. Il est hors de question que mon fils soit un dégénéré c'est clair ? A partir d'aujourd'hui tu vas faire ce que je te dis sans poser la moindre question. Tu vas obéir, tu vas faire honneur à ta putain de famille. J't'ai trouvé une catin à épouser. Tu vas lui faire des gosses. Et plus jamais tu ne parleras à ce Black c'est clair ? Si un de tes frères ou une de tes sœurs te vois avec lui dans ta putain d'école pour retardés, c'est moi qui te tuerais de mes propres mains. " Un simple hochement de tête. Peur de dire le mot de trop, de se rebeller encore une fois, il n'avait plus d'autre choix, plus d'échappatoire, voué à n'être que l'ombre de son père. Il avait envie de repousser sa mère qui venait recouvrir ses blessures. Lui dire de le laisser mourir. Parce qu'à quoi bon vivre dans son état ? Quand simplement être lui même était interdit, quand aimer était impossible.

Elle lui faisait face, lui était vêtu d'un costume bon marché, elle, d'une longue robe blanche et d'un voile finement brodé. La peau pâle du britannique brûlait sous le soleil de Cuba. Il y avait autour d'eux des rires, des éclats, des chansons. Malachy lui ne perdait pas son fils des yeux. Son fils ou son prisonnier, depuis ce jour-là, il était les deux à la fois. Le fils qui ne lui échapperait pas quand les autres avaient depuis quelque temps fui le cocon familial. Non lui était le seul que le père ne laisserait jamais partir. Pour ne pas avoir un dégénéré dans la nature. Les yeux du Gaunt se posaient sur la jeune femme, tout juste dix-sept ans comme lui, un mariage qui n'avait pas perdu de temps, il se demandait bien ce que Malachy avait bien pu offrir pour nouer cette alliance. Peut-être que la réputation des Gaunt n'avait pas encore atteint Cuba, de toute façon si Cieran avait eu une cousine, les choses auraient été vite réglées. En tous cas, il avait pitié pour elle. Elle ne savait pas dans quoi elle avait été balancée. La fosse au serpent qui n'attendait que de la viande fraîche. Les Gaunt eux avaient gagné une dot conséquente. " Je le veux. " La voix du sorcier était froide, glaciale même. Et celle de la sorcière n'était pas plus enjouée. Pandore avait dit qu'ils finiraient par s'apprécier  que ça venait avec le temps, qu'on apprenait à vivre ensemble. Pourtant Cieran ne pensait qu'à Arcturus, l'intouchable, le Black qui n'avait sûrement pas cessé de questionner l'absence du Gaunt ces premières semaines de reprise à Poudlard. Il avait été transféré quelque temps à Castelobruxo. Le temps d'organiser ce mariage. Une fois fait, il retournera à Poudlard. Et c'était probablement ce qu'il redoutait le plus, retourner à Poudlard sans pouvoir fréquenter Arcturus, parce que Alcide n'hésitera pas à en parler à Malachy et qu'Arcturus risquerait de tout perdre. Les Black ne réculerait devant rien pour couvrir l'homosexualité de leur fils. Et Malachy lui n'hésitera pas à tuer le sien. Toutes ces pensées dans sa tête lui faisaient presque oublier le moment présent. Répétant sans vraiment y réfléchir les mots de l'officiant. Il sentait sous la baguette du sorcier les liens s'unir entre son poignet et celui de sa fiancée. Quelques lignes fines qui s'étiraient, chaude et rassurante à leur manière. Les anneaux qui apparaissent, l'un qu'il venait glisser sur le doigt de Camella, l'autre qui rejoignait le sien, alors qu'il cachait encore les faux doigts en Argent sur sa main gauche. Il l'a sent cette alliance, son poids sur son doigt, sur ses épaules. Il capte le regard de celle qui par ce simple geste voit sa vie liée à la sienne. Les gens applaudissent, ils sont bien plus chaleureux, bien plus festifs à Cuba. Elle s'approche alors qu'il relève son voile, pose un baiser furtif sur ses lèvres avant de tourner rapidement la tête. Ils étaient quelques heures après assis à la table des mariés, alors que tout le monde venait les féliciter, les époux aux sourires forcés. Il entendait bien les rumeurs, les gens qui parlaient. Ils disaient qu'elle était enceinte, une honte pour sa famille. Que lui était malade, chétif, qu'il fallait le marier, qu'il ai un fils avant de crever. Ça le rendait furieux. La mâchoire qui se serrait, le point aussi. Alors qu'il descendait verre après verre en espérant que l'alcool vienne effacer cette journée maudite. Les larmes roulaient bien souvent dans ses yeux. Menaçant de rompre le barrage, se déverser sans aucune résistance sur son visage. Elle venait alors poser sa main sur la sienne, il plongeait son regard dans ses yeux clairs. " Ne les écoute pas. Ils parlent beaucoup mais seulement parce que ce mariage est la chose la plus intéressante qu'il se passe dans leur vie. " elle souriait légèrement, et lui posait un regard froid sur elle. Ses yeux glissant sur son visage, puis son ventre, était-elle vraiment enceinte ? Après, son père l'avait bien traitée de catin. " Très bien, si tu ne veux pas parler ça me va. Bois donc. Saoule toi. Après tout tel père tel fils " Cette seule phrase fait déglutir le jeune homme. " Je ne suis pas comme lui. " elle lâchait un rire léger. " Il parle enfin. Je me considère chanceuse, il y a encore quelques secondes je pensais avoir épousé un muet " Il avalait une gorgée d'alcool avant de poser son verre. " Crois moi, tu vas rapidement regretter de ne pas avoir épousé n'importe qui d'autre. " Elle n'avait aucune idée de ce qu'il l'attendait une fois qu'elle le rejoindrait en Angleterre. Elle avait fini mariée au monstre d'une famille de monstre. Elle n'était pas une épouse mais un châtiment, une punition pour ce qu'il était vraiment. Et elle se rendrait bien vite compte de qui étaient les Gaunt. Elle ne répondait rien, n'avait sur ses yeux qu'un regard interrogateur, Cieran lui dans ses pensées n'avait qu'Arcturus. Son être tout entier mourrait de le voir, le sentir, le toucher, le goûter encore une fois. Toute cette mascarade ne servait bien à rien, ce soir-là il ne consommerait pas son mariage. Pas de danse ni de fête dans le cœur du Gaunt. Juste un boulet à son pied, un nom à sa prison. Camella Santiago veux-tu l'épouser ? Prise dans ta prime jeunesse pour un morceau de viande jetée aux loups.

Il comptait les restes de gallions que les Gaunt avait à leur disposition. A peine arrivée que la dot de Camella s'était déjà volatilisée. Dans quelques mois il commencerait à travailler aux arènes, Malachy lui avait apparemment trouvé une place digne d'un dégénéré dans son genre, au plus grand plaisir d’Hades qui ne manquait aucune occasion de traiter Cieran comme son chien, devant obéir aux moindres désirs du saint-héritier. Il soupirait, la famille n'avait plus rien, la maison tombait en ruine. Hel se glissait à ses côtés, et le Sorcier passait une main distraite sur les écailles du serpent. " Tu peux partir tu sais ? Rien ne te force a rester ici… " Il s'apprêtait à lui répondre quand la porte de sa chambre s'ouvrait à la volée. Par réflexe il se levait en sursaut, se préparant à la fureur paternelle, mais c'est le regard de Camella qui croisait le sien. Elle est terrifiée, il le voit à son regard. Deux ans qu'ils sont mariés Pandore avait raison on finit par apprendre à se supporter. Elle pourtant ne supportait ni les Gaunt ni la vieille ruine qui leur servait de maison. Elle avait tenté de s'en échapper, de trouver un emploi, elle aussi diplômée récemment de Castelobruxo mais Malachy avait refusé. Les femmes c'est pas fait pour travailler. Cieran n'avait même pas essayé de débattre, il savait bien ce qui l'attendait s'il ne disait quoi que ce soit de déplacé. Lui n'était plus que l'ombre de lui même. Se demandant chaque instant ce que faisait celui qu'il aimait vraiment. Une année à ne pas le fréquenter, il en marquait les jours, devenait de plus en plus irritable, de plus en plus colérique. Cette folie dans sa tête qu'il tentait en vain de faire taire. Mais la folie peut parfois être une alliée, donner des armes aux lâches, perdre le contrôle pour mieux se défendre, pour mieux attaquer. "Que pasa Camella ?" Son espagnol était encore approximatif, bourré d'erreurs, mais elle avait insisté dès son arrivée ici, quand elle avait vu l'horreur, pour que Malachy ne comprenne pas. Elle n'avait pas peur du patriarche, lui avait même parfois tenu tête, protégée probablement par sa famille il n'avait pas levé la main sur elle mais à chacun de ses écarts, Cieran recevait le châtiment. " Il a frappé ta mère Cieran, et tes sœur. Il a dit à ton frère de les frapper aussi, que les femmes ne méritaient que ça. J'ai essayé de l'arrêter, cette fois c'était pire qu'avant, il est incontrôlable. " Cieran sentait son coeur s'accélérer. Ce n'était pas la première fois, lui aussi avait déjà dû lever la main sur Deana. Une des leçons favorites de Malachy. Il se levait, faisant signe à Camella de ne pas bouger. Sa baguette dans les mains. Il serrait le bois de toutes ses forces. Dévalant les quelques marches peu solides pour arriver à la cuisine dans laquelle l'horreur l'attendait. Malachy hurlait, la main agrippant les cheveux de Daena. Cieran croisait le regard terrifié de Vesper dans un coin, une marque sur le visage. Pandore elle semblait prise d'une crise d'hystérie, un rire s'échappant de sa gorge fluette. Son strident et dérangeant. Ce dernier se tournait vers Cieran. " Si t'avais des couilles toi aussi tu dompterais ta pute de femme. " Le fils levait les yeux, la mâchoire serrée. Il tremblait légèrement mais quand sa baguette se levait d'elle même il était soudain parfaitement stable. " Lashlabask " Le sortilège s'echappait, et c'était quelqu'un d'autre qui avait pris le contrôle de Cieran, fini le gamin effrayé, fini le fils prisonnier, le faible, la tapette qui ne se défendait jamais. Il avait trop subit, trop enduré. Ils méritaient plus les Gaunt, ils méritaient mieux. Mieux que Malachy, mieux que cette baraque en ruine, mieux que d'être terrorisé par un moins que rien fermé d'esprit. Il finirait par causer leur perte, c'était clair aujourd'hui dans la tête du sorcier. La fin de la Noble lignée des Gaunt ne viendrait pas de lui, mais de son père qui finirait par tous les détruire. " Baisses ta baguette gamin " Le sifflement comme un avertissement, un ordre qui faisait trembler Cieran. En temps normal il aurait obéi. Mais là c'était la rage qui dictait ses gestes. La baguette pointée sur sa mère il murmurait " Impero " La forçant rapidement à prendre les filles, les emmener avec Camella. Elle s'occuperait tant de Pandore que de Vesper et Daena là-dessus il n'avait aucun doute, ses frères eux n’étaient nulle part aux alentours, bien qu’il se doutait qu’ils étaient parti effrayer quelques moldus. Ses yeux se tournaient ensuite vers Malachy, une partie de son être lui disait de fuir mais plus rien dans son corps n'était logique, c'était la colère qu'il sentait dans ses veines, qui prenait le contrôle, des années de violence qui trouvaient finalement le chemin jusqu'à la surface. Il éclate finalement. Les sorts fuyant de sa baguette. Il n'avait plus seize ans, cette fois lui aussi était un sorcier accompli. Et rapidement Malachy ne pouvait que se défendre. Les assauts répétés sortilèges avancés, dangereux. Il n'avait plus rien d'un homme, Cieran devenait furie, il était féral dans ses mouvements, ses yeux ne lâchant pas sa cible, ses sorts se multipliant, tous plus forts, plus intenses que les précédents. Il ne disait pas un mot, les lèvres étirées dans un rictus mauvais, agressif, sadique presque. Il frappait sans retenue, de l'extérieur il était sûrement effrayant mais cela n'avait pas d'importance. Tout ce qui importait c'était d'en finir. Un sort final désarmait Malachy, l'éclair rouge frappant la baguette qui venait se ficher dans la main de Cieran. Victorieux, ses yeux ne perdaient pas leur folie. " Arrêtes de jouer au con, rends moi ma baguette gamin. " Cieran baissait les yeux sur l'homme pathétique qui lui faisait face. " C'est fini Malachy. Tu as ce que tu mérites. Et c'est ta tapette de fils qui va récupérer ton nom, ta famille. Et grâce à moi les Gaunt seront respectés dans ce putain de pays. " Il la voyait la colère brûlant dans les yeux du père. Alors que ce dernier tentait de se lever, un éclair vert s'échappait de la baguette de Cieran. Frappant Malachy en pleine poitrine. Il baissait les yeux sur son père. Lâchant sa baguette aux côtés du corps sans vie. Immobile il observait. Alors que la colère disparaissait, elle retournait dans l'ombre de son esprit. Il se rendit compte de ce qui était arrivé. Et une main se posait sur son épaule. Il sursauta un peu. " Tu as fais ce qu'il fallait. " Cieran ne répondait pas, il avait fait ce qu'il fallait ? Non probablement pas, il avait fait ce qu'il voulait faire depuis longtemps. Depuis gamin sous cet arbre dans la forêt à quelques pas d'ici, depuis la première fois où il avait compris que son père ne ferait de lui que sa victime favorite. Il se l'était promis, il avait fini par le faire. Il se retourna vers Camella. " On peut annuler le mariage. Tu peux retourner chez toi. Tu as assez perdu de temps ici. " Elle souriait. Caressant le visage marqué de rouge par un des sorts que son père avait touché. Il se rendit alors compte des multiples lacerations sur sa peau, ne les avait pas senties pendant le combat. " Non, ce mariage est important pour moi, tu m'as sortie de Cuba et je t'en suis reconnaissante. Quand au reste je connais ton secret. Je m'en fiche si tu me laisses ma vie je te laisserai la tienne. " Sa vie. Les secondes s'écoulaient avant que dans son esprit ne se dessine le visage d'Arcturus. Il irait le voir. Le récupérer. Au diable ce monde et ses préjugés. Au diable cette société qui n'accepterait jamais ce qu'il était. Il avait tué son père. Il tuerait tous ceux qui se tiendraient entre lui et Arcturus. " Va chercher Mère. Je vais m'occuper de lui. " Quelques heures plus tard, Cieran se tenait au cimetière de Little Hangleton, Pandore à ses côtés. Ses frères et ses sœurs sont présents également. Aucune larme dans leurs yeux, seule Pandore hurlait sa peine. Cieran lui gardait le visage fixé sur le vieux caveau des Gaunt dans lequel il avait installé son père sans tarder. Une nouvelle vie s'offrait à eux. L'horreur était derrière. Il fallait se concentrer sur l'avenir désormais. Mais derrière lui, Hades soufflait ” Ne te méprends pas Cieran, l’alcool n’a pas tué notre père comme tu t’entêtes à le répéter. Mais cela ne fait pas de toi un homme, et maintenant c’est à moi que tu obéiras. ”

Les draps froids sous le corps dénudé de Cieran étaient froissés par la nuit passée ici. Il ouvrait difficilement les yeux. Les choses étaient allées bien vite depuis la mort de Malachy, si Hades était officiellement patriarche, il n’avait pas le poids de Malachy, aussi Cieran avait retrouvé une certaine liberté, bien que devant accourir dès que son frère aîné claquait des doigts. Hades avait bien tenté plusieurs fois de s’en prendre à lui, parfois il avait même réussi à le blesser, mais Deana réussissait toujours à le calmer, couvrant les mensonges de Cieran, le laissant rejoindre Arcturus, elle qui avait rapidement compris pourquoi Malachy avait été aussi dur avec lui. Il se retournait. Son regard se posant sur le visage endormi à ses côtés, la main d'Arcturus posée sur son torse. Un sourire léger sur les lèvres. Il donnerait tout pour que ce moment dure éternellement. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés il n'avait plus eu envie de le quitter, se pressant à le rejoindre dans cette chambre de la Joyeuse Licorne. Il n'y était qu'agent de sécurité mais ici au moins, Arcturus et lui étaient libres de s'aimer sans craindre d'être interrompus, découverts. Stress post-traumatique bien réel dans l'esprit du Gaunt qui posait machinalement les yeux sur sa main blessée. Les reflets sur l'argent comme un souvenir indélébile, rappel que cet amour pouvait lui coûter la vie. Parfois il se disait qu'il serait plus simple de l'oublier. Plus simple de ne pas aimer. De fermer son cœur à Arcturus, le laisser s'échapper. Sa vie serait plus simple sans lui. Mais il ne pouvait plus se détacher, c'était déjà trop tard, le destin était tracé et le sien et celui du Black s'élançaient entrelacés parmi les étoiles. Une vie de secret, seule chose qui les attendait, il était normal de vouloir plus, et il sentait son cœur s'affoler de rage en pensant que jamais ils ne pourraient être vraiment libres. L'anneau sur son doigt semblait bien lourd, presque inconfortable dans ces moments d'adultère. Pourtant c'était quand il était avec elle qu'il avait l'impression de tromper l'homme. Il était son toujours, son présent, son futur. Et un jour lui aussi aurait sur ses doigts un Anneau, héritier des Black, il ne pourrait échapper bien longtemps à son devoir. Oublies, profite de l'instant, de lui, de sa chaleur, de son odeur les pensées néfastes qui s'éloignent,  son regard, son être tout entier dévoué à l'homme qui se repose à ses côtés. Sur son visage endormi il vient poser un baiser, se rapproche un peu, ferme les yeux pour s'endormir de nouveau, protégé par sa chaleur, par son amour. Oui maintenant l'horreur est finie, il peut profiter, juste vivre, être heureux, après tant d'années de misère il l'a mérité. Un sourire léger sur les lèvres, quand une lueur bleutée vient caresser la chambre. Il se redresse immédiatement. Cœur qui bat la chamade, baguette déjà dans la main. Face à lui pourtant ce n'est qu'un paon, se dressant majestueux. Un Patronus corporel exécuté à la perfection. " Cieran, tu dois rentrer. C'est Daena. Viens vite je t'en supplie " Son cœur se serre. Il sort du lit, enfile rapidement ses vêtements " Ou tu vas ?" Cieran se retourne rapidement, enfilant son pantalon " Je dois rentrer. Je viendrais te voir. " Il disparaît dans un crac sonore. Ses yeux s'ouvrent sur la vieille façade de la maison des Gaunt. Sa baguette vient ouvrir la porte. En quelques secondes, Vesper se retrouve dans ses bras. Les larmes de la jeune fille coulent abondamment. Il s'avance sans comprendre. Croise le regard effrayé de Camella. " Je ne pouvais rien faire, elle a pris toute la potion. " Il ne parle pas, ne répond pas. Ne veut pas croire, comprendre. Mais il sait au fond, et une part de lui sait depuis quelque temps déjà. Il entend les pleurs d'un homme. Et ses frères ne pleurent pas, les hommes ne pleurent pas, pas chez les Gaunt. Pourtant il voit Hades, agenouillé auprès du vieux sofa dans lequel Daena lisait ses bouquins d'habitude. Mais ce soir-là, pas de livre dans les mains de la princesse. Pas de sourire doux sur ses lèvres, elle, elle qui avait l'humanité des Gaunt dans son cœur. Qui n'était que la gentillesse, l'amour qu'il manquait à leur famille. Il hurle Hades, et le cœur de Cieran se brise à nouveau. Il serre Vesper dans ses bras. Puis la lâche. Il s'approche sans oser faire le moindre bruit. Sa main qui se pose sur l'épaule de son frère. Ce lien qu'ils avaient, il le connaissait, il avait remarqué le regard du frère, l'amour bien plus fort que celui que partagent un frère et une sœur. Peut-être aurait-il dû s'en offusquer, mais chez les Gaunt il n'y avait rien de mal, et pour Cieran elle était la seule qui pouvait contrôler la folie de l’aînée, bien plus violente que celle de son père. Mais ce soir, la seule chose qu'il restait c'était la détresse d'un frère. Qui résonnait avec la sienne. Le silence dans la demeure, tout juste brisé par les sanglots. Cet endroit n'était pas bon, il était mauvais, néfaste. Et l'horreur était ancrée dans ses murs. Il tente de séparer Hades de Daena, sans succès, il s'agenouille près de son frère. Hades n’a rien de bon, sur ce point tous s’accordent, si Daena savait calmer ses violences et sa folie, sans elle, les deux s’échappaient sans retenue aucune, et il le voyait dans les yeux de son frère, qu’il était perdu, il repoussait Cieran, hurlant sa rage, insultant à la manière de Malachy, comme s’il n’était jamais vraiment parti, le poing qui vient s’écraser sur le visage, [color=darkteal]” Ne me touches pas enfoiré !. Cieran est impuissant. Son regard vient caresser le visage de sa sœur. Elle semble paisible, endormie, en paix. C'était probablement tout ce qu'il pouvait souhaiter pour elle. Mais il avait échoué. Il pensait pouvoir être libre, être heureux. Le bonheur n'est pas fait pour les Gaunt. Ce soir-là, ils enterraient leur sœur. Le silence était pesant à Little Hangleton. Elle était drapée d'un linceul immaculé, dans ses cheveux, Vesper avait tressé des fleurs. Entre ses doigts sa baguette, sur son annulaire, un anneau d'or posé par Hades. Ce soir-là, ils perdaient aussi leur frère. Hades qui s'était éloigné du caveau, Cieran l'avait suivi, l'avait appelé, il s'était retourné dans ses yeux un vide qui avait glacé tout l'être du sorcier. Il avait disparu, personne ne savait où il était allé. Personne n'en parlait dans la famille. Ils savaient tous en revanche, que ce soir-là. Hades avait perdu plus qu'une sœur. Il avait perdu sa raison de vivre. Et si pour son frère, Cieran n’avait ni amour ni tendresse, il ne restait qu’une crainte, le voir revenir, sachant bien qu’il ne serait plus que l’ombre de la folie, une épée de Damoclès sur le futur de leur famille. Il avait espoir d’apprendre un jour qu’il avait rejoint sa soeur autre part, dans un monde où il serait libéré de la folie de leur père qu’il avait fait sienne. Ce soir, sous les étoiles timides qui avaient été témoin de l’horreur frappant sans relâche cette famille, Cieran devenait Patriarche. Les yeux sur Vesper et Alcide, de la brillante lignée, ne restait plus que des ombres.


Entre ses mains reposait un futur qu’il n’avait jamais vraiment imaginé. Le visage de l’enfant était paisible, calme, endormi dans les bras de son père. Avec une tendresse qu’il n’avait jamais imaginer posséder, il posait sur le front de l’enfant un baiser avant de le poser près de son frère dans ce berceau de sainte mangouste. Si les naissances se devaient d’être un évènement joyeux, celles-ci étaient marquées par l’ombre d’un départ. Les yeux sur le corps sans vie de Camella, il la voyait encore, heureuse de donner la vie, alors même que leur mariage n’était qu’une farce, un mensonge qui leur servait à tous les deux. Mais Camella ne connaîtrait pas la joie de porter ses fils, dans ses derniers cris elle avait poussé son dernier soupir, deux vie au prix d’une, elle avait rejoint la longue liste de cadavres qui entouraient Cieran.  Ses yeux retournaient sur Cinead et Siarl, c’était elle qui leur avait donné leur nom, avant même leur naissances, chants gaéliques de leurs ancêtres qu’elle préférait aux noms des siens. Il était seul désormais, en charge de ces deux êtres, lui qui ne connaissait rien aux enfants, qui avait passé sa vie persuadé de n’avoir jamais aucune descendance. Le seul confort qu’il avait eu en apprenant la grossesse de son épouse était qu’elle serait présente pour s’assurer qu’il ne reproduise jamais les erreurs de son père, que son héritage ne serait pas aussi sombre que ce qu’il imaginait. Comment aimer, comment être père quand il n’avait jamais connu du sien que la violence et la haine. Comment élever deux fils, en faire des sorciers dignes de leur nom, de leurs ancêtres, tout en leur épargnant la violence, comment leur dire que les gens autour d’eux fronçeront des sourcils quand ils entendront leur nom, n’auront à leur égard que du dégoût. Que les sangs-impurs ne verront en eux que le symbole même de l’ennemi, le sang le plus pur, le premier à abattre. Que les sang-purs les regarderont de haut, eux qui ont gardé leur splendeur quand les Gaunt n’ont connu que la chute. Comment leur offrir tout ce qui lui avait manqué, être ouvert à leurs côtés, à leurs émotions, sans pour autant oublier qu’ils ne pourront jamais librement aimer, qu’ils seront destinés à faire ce que lui a fait, se marier pour continuer la lignée, pour ce nom centenaires qui résonnait dans tous les esprits. Tant de questions auxquelles il n’avait aucune réponse. Il était perdu Cieran, catapultée dans une vie qu’il n’avait pas prévu. Et pourtant à ce moment là, alors que les soignant de Sainte-Mangouste avaient recouvert le visage de son épouse d’un drap blanc, il savait que son but était de rendre à son nom sa gloire passée. De changer la vision des gens sur qui ils étaient. Vesper à ses côtés, rien ne pourrait les arrêter, par la force, par le sang, par l’or, ils rachèteraient les erreurs de leurs ancêtres.