Présentation de Byron Hastings

- MÉFAIT ACCOMPLI -

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"Tu n'es pas en colère contre moi ?"
"Le devrais-je ?"

Il lui sourit, elle est nerveuse et semble soudainement si fragile devant lui. Elle, qui a toujours été la plus forte des deux.

"Parce que je repars."
"Est-ce une raison pour t'en vouloir ?"
"Et que je suis enceinte."

Il rit, cela fait quelques mois qu'il est au courant de la nouvelle, mais à chaque fois qu'ils en parlent, qu'il y pense, le bonheur est toujours le même. Il s'approche d'elle, posant une main sur sa hanche, récupérant l'une des siennes de l'autre.

"Qu'est-ce que tu fais ?"
"Je te fais danser."
"Mais nous sommes en train de discuter."
"L'un n'empêche pas l'autre si ?"

De la musique s'élève dans ce petit salon et il l'entraîne au rythme de celle-ci.

"Byron... Est-ce que tu m'aimes ?"
"De tout mon cœur, Lénore. Et je t'aime parce que tu es Lénore. Aventureuse, voyageuse, courageuse, tu ne recules devant rien."
"Tu n'as pas peur pour le bébé ?"
"Devrais-je avoir peur ? Je sais que tu es une mère formidable, que tu veux cet enfant autant que moi, et que tu le protégeras. Peu importe où tu te trouves, ce que tu fais, je sais que tu ne mettras pas la vie de notre enfant en danger."

Elle lui sourit, ses yeux noisette brillent sous les larmes qu'elle retient alors qu'elle pose sa main sur son visage. Il ferme les yeux.

Et lorsqu'il les ouvre, c'est sur cette place vide qu'elle a laissée dans leur lit conjugal. Son cœur se serre. Il a eu la chance d'aimer, inconditionnellement, et d'être aimé tout autant. Pourtant, lorsqu'il se réveille et que cette briève seconde où il ne se rappelle pas se dissipe, la douleur qu'il ressent alors est indescriptible.

Ce matin, il fera pourtant sa journée comme toutes les autres journées depuis, perturbée par l'arrivée d'un hibou. Un courrier officiel, venant tout droit de la brigade de police magique. Dossier Clôturé. Ce sont les seuls mots qu'il retient. Fermant les yeux, il froissera le papier et le fit disparaître entre ses mains. Reprenant sa journée comme elle était censé continuer.

Jusqu'au soir. Il se retrouve chez lui, chez eux, et il ne sait pas pourquoi, ce soir, il fait le tour des pièces. De celle dont les travaux n'ont jamais été terminés, qui ressemble au début d'une chambre pour enfant. Il rejoint le salon, son regard se portant sur le tourne-disque. Un regard, une pensée, et la musique emplit les lieux alors qu'il se met à fouiller partout. Il galère, ce soir, comme toujours, à retrouver sa baguette magique. Et lorsqu'enfin, il l'a trouvé dans son plumier à la place même de son stylo, il en aurait presque ri. Retournant dans le salon, il se sert un verre, s'installe sur le fauteuil et écoute le disque. D'un bout à l'autre. Chaque note, chaque musique, et il se revoit avec elle, ici, au milieu de ce salon.

Il se revoit danser, il peut encore l'entendre rire. Cette femme qu'il a aimée, cette femme qu'il aime toujours et qu'il aimerait bien après sa mort. Lorsque la dernière note de musique s'éteint pour laisser, place au silence, son verre est vides. La baguette entre ses doigts, il en pose la pointe contre sa tempe. Il inspire et souffle.

"Tu as toujours été plus courageuse que moi."

Son désespoir est intense, sa tristesse est infinie lorsqu'il murmure : "Avada...Kedavra..."

Et cela aurait été si simple, si facile de juste disparaître ainsi. La retrouver. Enfin. Mais tout ce qu'il ressentit à cet instant fut aussi violent qu'un coup-de-poing, le faisant basculer en dehors de son fauteuil, à terre, le visage en sang, et sa baguette très loin de lui. Sa tête lui fait mal, il se retient de hurler, de toutes ses forces. Pourquoi ? Pourquoi souffrait-il encore ? Pourquoi était-il encore bel et bien vivant ?

Il sent pourtant le liquide chaud et visqueux du sang entre ses doigts, provenir de sa tête, et il peine à se lever, à rejoindre sa salle de bain pour en observer les dégâts. Il saigne beaucoup, c'est extrêmement douloureux, mais lorsqu'il y regarde de plus près, la blessure est plutôt petite. L'échec est cuisant.

Et avant qu'il n'ait le temps de s'énerver contre lui, contre le monde, contre sa baguette ou sa magie, on frappe à sa porte. Une serviette entre les mains, contre sa tempe, il va ouvrir, surprit par le visage qu'il a sous les yeux. "Miss Mcgonnagal ? Que faites-vous ici ?" Elle est maline cette petite, elle a de l'avenir. Du moins, si les hommes cessaient de ne voir en elle qu'une femme. "Excusez-moi de vous déranger. Je me demandais si vous accepteriez de lire ce papier ?" Est-ce qu'elle est sérieuse ? À cette heure de la soirée ? "Vous êtes blessé ? Vous allez bien ?" Il se rappelle alors de sa serviette qu'il maintient contre la plaie, de son mal de crâne qui persiste depuis. "Rien de grave, je me suis cogné." Un pieux mensonge, elle n'avait pas besoin de connaître la sordide vérité.

Il ouvre la porte, la fait entrer, lui servira un thé et il lira ce fameux papier. Elle est brillante, c'est mordant, tellement qu'il se permet parfois de faire quelques suggestions pour lui éviter le pire. Pour arrondir les angles. Une nécessité si elle souhaitait être publiée. Ce soir-là, il oubliera, le temps de quelques heures, son désespoir.