Présentation de Nkosana Shacklebolt

- MÉFAIT ACCOMPLI -

---

La lueur déclinante du soleil de juillet glissait à travers les fenêtres de la maison Shacklebolt, baignant la pièce principale d'une ambiance chaleureuse et dorée. Ce jour-là, Nkosana Shacklebolt, le chef de famille, avait pris la décision inhabituelle de rentrer chez lui plus tôt que d'habitude. Une intuition étrange l'avait hanté tout au long de sa journée de travail, l'incitant à vérifier ce qui se passait à la maison.

Il était censé avoir une confiance totale envers sa femme, Imani. Ils avaient toujours partagé une relation basée sur la confiance mutuelle, mais récemment, des signaux confus et perturbants avaient commencé à surgir. Des retours tardifs, des questions restées sans réponses, des regards évasifs. Nkosana ne voulait pas sauter aux conclusions hâtives, mais il ne pouvait pas ignorer les doutes grandissants qui tournoyaient dans son esprit.

Lorsqu'il fut à quelques maisons à peine de chez, il ressentit une bouffée de colère mêlée à un profond choc. Un homme sortait précipitamment de chez lui. Les vêtements de l'homme semblaient familiers à Nkosana, mais ce qui l'arrêta net, c'était un bijou distinctif que portait cet homme. Un bijou qui appartenait à Imani, un bijou qu'elle n'aurait jamais abandonné, jamais laissé entre des mains étrangères. La jalousie, les doutes, la peur, tout cela bouillonnait en lui, le poussant à suivre l'homme qui se dirigeait vers l'un des clubs réservés aux hommes de la ville. Il refit ensuite le chemin inverse, rentrant finalement chez lui, dans sa maison à lui. Mais Nkosana n'osa pas entrer. Il se cacha, observant la maison depuis l'extérieur sous sa forme d'Animagus.

Ce manège se répétait, un weekend par mois, parfois deux weekend. Et lorsqu'il rentrait, il ne trouvait aucune trace de cet homme, seulement sa femme, qui lui expliquait qu'elle s'était arrangé pour que les enfants soient dans la famille, pour avoir une soirée à eux. Après des semaines de ce manège, peut-être même des mois, Nkosana osa enfin rentrer chez lui avant que l'homme n'en sorte. Ce qu'il découvrit à l'intérieur le figea. Imani était là, dans le salon, mais quelque chose avait radicalement changé. Elle portait les vêtements de Nkosana, et sa silhouette avait été métamorphosée de manière évidente.

Leurs regards se croisèrent, et un silence tendu s'installa, saturé de questions non formulées. Finalement, Nkosana rassembla le courage de rompre le silence.

"Imani, qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-il, sa voix empreinte de douceur alors qu'il s'approchait lentement de lui.

Imani baissa les yeux, visiblement hésitant. Puis, d'une voix tremblante, il commença à expliquer la situation. "Nkosana, je... je suis désolé de ne pas t'en avoir parlé plus tôt. Ne me déteste pas, s'il te plaît." Il fit une pause, commençant à s'agiter nerveusement dans la pièce. "Je me suis rendu compte que parfois, je me sens plus à l'aise, plus moi-même, en tant qu'homme. J'ai commencé à prendre des potions pour changer de genre, et parfois, je passe mes soirées dans des clubs réservés aux hommes. Parce qu'ils ne se rendent pas compte, ils ne savent pas, et c'est libérateur... Je me sens... à ma place."

Le choc initial se mua en réflexion profonde chez Nkosana. Il ne savait pas comment appréhender cette révélation, mais il savait une chose : il aimait Imani profondément. Rien ne pourrait jamais altérer ce sentiment.

"Tu veux dire que tu veux devenir un homme ?" demanda-t-il doucement, s'approchant de lui.

Imani secoua la tête, les larmes aux yeux.

"Non, ce n'est pas aussi simple. C'est... compliqué. Parfois... pas tout le temps. C'est comme si c'était une humeur, tu vois ? Je sais que c'est étrange... Mais je ne fais de mal à personne, je ne veux faire de mal à personne."

Nkosana le regarda avec tendresse et compréhension, le prenant doucement dans ses bras.

"Imani, je t'aime profondément, et ce que tu ressens ne changera jamais cela. Asseyons-nous, parlons-en."

Ils s'assirent ensemble sur le canapé, et entamèrent une conversation qui dura de longues heures. Il y eut des moments de larmes, des instants de rire, mais surtout, il y eut un amour inébranlable et une compréhension mutuelle qui se renforçaient à chaque instant. Nkosana continuait de tenir Imani dans ses bras, les yeux perdus dans le vague alors qu'il hésitait. Finalement, il rassembla son courage pour reprendre la parole.

"Il y a quelque chose que je dois te dire aussi, Imani," commença-t-il, cherchant les mots pour exprimer son ressenti. "Je veux que tu saches que je n'ai jamais été infidèle, pas une seule fois. J'ai toujours été fidèle, dès le premier jour, et je le serai jusqu'au dernier."

Il se redressa légèrement, fixant son regard sur Imani, qui, malgré la situation, avait un air nerveux.

"C'est quelque chose que j'ai découvert en vieillissant, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'en parler avec qui que ce soit. Je voulais que tu le saches."

Nkosana sentit les doigts de son mari glisser doucement sur son bras, cherchant à le rassurer.

"Je ressens une attirance aussi forte envers les hommes qu'envers les femmes," ajouta-t-il, marquant une brève pause, ses yeux se posant sur Imani, malgré sa nervosité palpable. "C'est comme si nous étions destinés l'un à l'autre depuis toujours."

Imani le regarda avec une expression empreinte de compréhension et d'acceptation, avant de se pencher pour poser tendrement ses lèvres sur celles de son mari. Ce tendre baiser était la confirmation ultime de ce qu'ils avaient toujours su au plus profond d'eux-mêmes : ils étaient destinés à être ensemble, peu importe les circonstances, les révélations, ou les changements. Leur amour était une force inébranlable qui surmontait tous les obstacles, et cette soirée avait renforcé leur compréhension et leur acceptation mutuelles. Ils savaient maintenant que leur lien était fondé sur quelque chose de bien plus profond que le genre ou les apparences, c'était un amour pur et véritable qui les unissait pour l'éternité.

---

---

Nkosana et Sipho se retrouvaient au bord de la Tamise. Les premiers rayons de lumière scintillaient sur l'eau calme, créant des reflets argentés qui dansaient avec grâce. Le bruit de l'eau berçait le paysage, apportant un sentiment de sérénité à la matinée.

Alors qu'ils se lançaient dans leur jogging le long de la Tamise, Nkosana prit une profonde inspiration et brisa le silence. "Sif', j'ai quelque chose à te proposer. C'est une opportunité de travail au ministère de la magie britannique."

Sipho est content de faire cette sortie avec son frère avec qui il avait toujours aimé faire du sport. À sa proposition cependant, Sipho semble moins emballé mais répond néanmoins : "Je promets pas de te dire oui, mais vas-y. Je t'écoute."

Nkosana expliqua calmement, "Ils cherchent quelqu'un pour organiser la Coupe du Monde de Quidditch, un poste prestigieux et influent. Tu serais responsable de coordonner cet événement de renommée mondiale, travaillant en étroite collaboration avec des équipes et des joueurs de Quidditch de partout dans le monde."

Il semble réfléchir tout en courant. "Pourquoi pas..." dit-il pas très emballé pour autant. "Ça consiste en beaucoup de réunions j'imagine ?" Pause. "J'avoue que me rapprocher de vous ça pourrait être cool. Et puis voir autre chose du Quidditch après tout ce qui s'est passé."

Nkosana sourit doucement "Eh bien, il y aura certainement des réunions, mais je suis sûr que tu pourras les gérer. Cette opportunité te permettrait de rester proche du Quidditch. Et plus important, tu pourrais influencer positivement le sport que tu aimes tant en travaillant en coulisses."

Il hausse les épaules. "Je vais y réfléchir Nkosie. C'est pas une mauvaise idée. Je peux prendre quelques jours pour le faire ?"

Toujours en courrant avec son frère à ses côtés, il répondait : "Bien sûr, Sif', prends le temps dont tu as besoin pour y réfléchir. Je ne veux pas te précipiter dans cette décision. Discute-en, pèse le pour et le contre, et lorsque tu seras prêt, fais-moi savoir ce que tu décides. Quelle que soit ta décision, je te soutiendrai à cent pour cent."

En vérité, Nkosana espérait bien que son frère dirait oui mais il le connaissait bien assez pour savoir que le presser à quoi que ce soit serait la meilleure façon pour qu'il refuse catégoriquement. Aussi, il préférait simplement lui entrouvrir la porte, lui faire savoir que cette option existait et espérer que la petite graine germerait d'elle-même dans l'esprit de son petit frère.

"D'accord." Sipho sourit avant de finalement augmenter la cadence, forçant Nkosana à le suivre et le grand comprit. Alors qu'ils continuaient leur jogging le long de la Tamise. Nkosana ne put s'empêcher de lui dire : "Le dernier arriver à la péniche bleu s'occupe du dessert du prochain déjeuner de famille !"

---

---

Tous réunis, l'un de ces fameux déjeuners familiaux avait lieu chez Nkosana cette fois-ci, sa femme ayant accouché il n'y avait pas si longtemps, ce qui rendait les choses plus pratiques pour tout le monde.

"C'est la copie conforme de Nkosie à son âge", commenta leur mère en tenant son nouveau petit-fils dans les bras.
"Je trouve qu'il a les yeux d'Imani", ajouta Thandi.

La salle à manger était animée, pleine de vie, mais Nkosana sentait qu'il y avait quelque chose de différent. Il ne savait pas si c'était Sipho ou Zinhle qui lui paraissait le plus étrange, mais les deux semblaient avoir perdu leur éclat habituel. Peut-être la fatigue, mais Nkosana avait toujours été d'un naturel inquiet quand il s'agissait de ses frères et sœurs. Pourtant, son instinct ne le trompait pas quand Zinhle refusa poliment de prendre Malik dans ses bras, et que Sipho intervint immédiatement en prétendant que c'était de toute façon son tour.

Profitant d'un instant de calme, Zinhle réclama l'attention, annonçant à tous ce qui lui était récemment arrivé.

Les réactions fusèrent, mélange d'inquiétude, d'incompréhension et de frustration. Nkosana resta silencieux, supportant à grand-peine l'idée que quelqu'un ait été assez malveillant pour infliger cela à sa sœur, et pire encore, qu'ils soient dans l'incapacité de rendre justice à Zinhle, celle-ci étant incapable de désigner le ou la coupable de cet acte. Cela le rongeait, car il comprenait parfaitement la gravité de la situation. Zinhle, tôt ou tard, finirait par passer à l'acte, scellant son destin en succombant à l'obsession qui accompagnait la malédiction.

Nkosana était d'un naturel calme, alors le voir aussi silencieux n'était pas vraiment surprenant, mais cela inquiétait tout de même. Après quelques heures de plus en famille, il profita d'une pause cigarette à l'extérieur pour s'isoler dans son jardin, observant le ciel.

"Tu sais que ce n'est pas bon pour toi ?", déclara Zinhle en s'approchant de lui.

Nkosana tourna la tête et découvrit sa sœur qui s'approchait de lui. Il esquissa un sourire tout en éteignant sa cigarette à peine entamée.

"Je sais... C'est une mauvaise habitude que je devrais perdre."

Le silence s'installa entre eux, mais ce fut Zinhle qui le brisa finalement.

"Tu n'as rien dit", constata-t-elle.
"Je ne savais pas quoi dire", avoua-t-il. "Je suis trop en colère." Même si le ton calme et posé de Nkosana ne laissait rien paraître de cette colère.

"Contre moi ?"
"Bien sûr que non. Pourquoi serais-je en colère contre toi ?"
"Eh bien... J'ai une certaine responsabilité dans ce qui m'arrive."
"Non, Leelee, l'unique responsable de ce crime, c'est la personne qui te l'a infligé. Personne ne mérite cela, même pas une criminelle. Je ne sais pas ce que tu crois avoir fait pour mériter ça, mais ôte-toi cette idée de la tête."

Son ton était presque paternel, refusant catégoriquement de laisser sa sœur glisser vers la culpabilité et les "et si". Après quelques secondes de soutien silencieux, Zinhle reprit la parole.

"Tu n'as pas peur ?"
"Peur de quoi ?"
"De moi."
"Tu te transformes en souris ?"
"Non."
"En rat ?"
"Non. C'est une paonne."
"Alors je ne risque pas d'avoir peur de toi."
"Tu viens de faire de l'humour, Nkosie ?"
"J'ai essayé."

Ils partagèrent un rire, un regard complice également.

"Je suis sérieuse, tu sais. Tu n'as pas peur de moi ?"

"Non, j'ai peur pour toi. Parce que je ne suis pas capable d'imaginer le poids que ça représente pour toi. Je sais que ce qui t'inquiète le plus, ce n'est pas l'idée d'être coincée dans le corps d'un animal... mais celle de nous faire du mal. J'ai peur que ce soit toi que tu blesses pour nous protéger. J'ai peur de ne pas réussir à te protéger."

Un autre silence apaisant s'installa, et Nkosana posa ses mains sur les épaules de sa sœur, les yeux rivés sur les siens.

"Lorsque le jour J arrivera", dit-il doucement parce que Nkosana savait que ce jour viendrait, c'était inévitable avec cette malédiction, "rappelle-toi que ce n'est pas toi qui blesse. C'est la malédiction. C'est la personne qui t'a infligé cela. Toi, tu seras tout autant une victime que nous."

Il fit une courte pause et continua : "Et attends-toi à m'entendre te le rappeler chaque fois que tu penseras le contraire."

Nkosana savait qu'il devrait continuer à soutenir Zinhle, à l'aider à traverser cette période difficile et à lui rappeler que la malédiction n'était pas son identité, mais quelque chose qu'elle subissait. Il ne pouvait pas effacer le fardeau de la malédiction, mais il pouvait être là pour elle et la soutenir, quel que soit l'avenir.

---

---

La parentalité était un bouleversement pour Nkosana, mais c'était une expérience qu'il avait attendue avec impatience, partageant sa joie avec Imani. Ce 15 janvier 1924, sa fille, Amara, était née. Nkosana, tout sourire, tenait Amara dans ses bras, s'efforçant d'apaiser sa toute première crise de pleurs. Pendant que la petite s'apaisait doucement, il se tourna vers sa sœur, Thandi, qui se tenait près du berceau, et lui sourit.

"Je n'arrive pas à croire que je suis père. C'est incroyable," dit-il, l'émotion se lisant dans ses yeux.

Thandi sourit tendrement à son frère. "C'est merveilleux. Elle est magnifique. Imani doit être aux anges."

Nkosana hocha la tête. "Elle l'est. Nous le sommes tous les deux."

Ils se replongèrent dans la contemplation de la petite Amara, puis, soudain, Nkosana éclata de rire. "Tu te rappelles, quand Sipho avait inondé la cuisine avec ces sortilèges aquatiques, et on a tous aidé à nettoyer avant que père et mère ne s'en aperçoivent ?"

Thandi rit aussi. "Oui, c'était une catastrophe. Mais ça a bien fonctionné, non ?"

Nkosana acquiesça, les souvenirs d'enfance revenant. "Et Zinhle, se faufilant dans les réserves de bonbons quand elle était censée être au lit ? Elle était si discrète. On l'a couverte à chaque fois."

Thandi secoua la tête, souriante. "Mais on se faisait payer en chocolat ! Et te souviens-tu de ce jour où Sizwe a emprunté secrètement le Friselune de Sipho quand il était encore trop jeune pour avoir un permis de transplanage ?"
"Comment pourrais-je oublier ? Il s'était éclipsé avec ce balais et nous avait juré de ne pas dépasser le bout de la rue. Mais il avait filé comme une flèche dans le quartier, zigzaguant entre les maisons."
"Et comment on a dû tout nettoyer quand il est revenu, couvert de boue et d'égratignures, les genoux tout éraflés."
"Et le balais en miette." précisa Nkosana. "On a passé des heures à remettre le balai en état de marche, espérant que Sipho ne découvre jamais la vérité."
"Il y a eu cette fois où Esihle a tenté d'organiser une fête surprise pour l'anniversaire de papa et elle a envoyé les invitations avec le papier beuglante de maman parce qu'elle trouvait la couleur trop jolie."
"Note que maintenant quand je reçois une beuglante, j'imagine la petite voix d'Esihle à l'époque."

Passant en revue bon nombre de bêtise de leurs frères et soeurs.

"On était une sacrée équipe, n'est-ce pas ? On a toujours veillé les uns sur les autres."

Nkosana était d'accord. "C'est ce que fait une famille. Une vraie famille." Il sourit. "Je suis impatient de voir ce qu'Amara fera comme bêtise."

La conversation revint à Amara alors qu'elle baissait lentement les paupières, bercée par le doux rythme des souvenirs familiaux.

Nkosana se tourna à nouveau vers sa sœur, cette fois avec une expression plus sérieuse. "Didi, j'ai une demande à te faire. J'aimerais que tu sois la marraine d'Amara. Je ne peux pas penser à une personne plus digne de ce rôle, quelqu'un qui a toujours veillé sur notre famille avec tant de dévouement."

Thandi fut émue par la demande de son frère. Ses yeux s'emplirent de larmes de joie. "Je serais honorée, Nkosie. Merci de me faire cet honneur."

Nkosana sourit, rassuré par la réponse de sa sœur. "Avec toi comme marraine, je sais qu'Amara aura toujours quelqu'un sur qui compter, comme moi j'ai pu compter sur toi."

---

---

La journée avait commencé paisiblement chez les Shacklebolt. La douce lumière du matin inondait la chambre que partageaient Nkosana et Sizwe, faisant briller leurs yeux de sommeil. Cela faisait trois ans que la cohabitation entre les deux frères devenaient de plus en plus compliqué. Sizwe, du haut de ses 8 ans, s'enfonçait dans un cercle vicieux de colère et d'amertume et en tant que grand frère, Nkosana encaissait. Ce matin, le grand frère avait proposé un jeu au petit, mais ce dernier, de par son handicape, peinait à le suivre.

"Pourquoi faut-il toujours que tout soit si difficile avec toi ?" s'écria Sizwe, la frustration se lisant sur son visage alors qu'il tentait de se déplacer dans sa chaise.

Nkosana soupira profondément. Les disputes entre eux n'étaient pas rares, mais il était habitué à les calmer avec douceur. Cependant, cette fois, lui-même perdait patience.

"Parce que tu peux le faire ! Si t'arrêtait de pleurer tout le temps !"

Sizwe bouillonnait de colère, les larmes embrouillant sa vue. "Je pleure pas !"

Il s'éloignait un peu de Sizwe : "Si tu le fait ! Tu pleure et tu cris tout le temps ! Alors que moi j'essaie de m'amuser avec toi !"
"C'est pas vrai ! Tu ! Tu veux juste m'humilier ! C'est pour ça que tu fais que des trucs difficile ! Moi je suis cassé, Nkosana."

Les deux enfants continuaient de se quereller, la colère de Sizwe poussait se dernier à quitter sa chaise, prenant appuie sur tout ce qu'il pouvait trouver pour pouvoir approcher son frère au mieux. Pour s'énerver un peu plus, peut-être même le frapper. Se battre comme des enfants de leurs âges étaient capable de le faire. Au bout de quelque minutes de cri, de reproche, de coup, de jouet que Sizwe cassait, Nkosana fini par le prendre dans ses bras, le serrer fort pour l'empêcher de bouger ou de continuer à casser leurs affaires.

"T'es pas cassé Siz...Moi je sais que t'es pas cassé." Luttant dans les bras de Nkosana, ils finirent tous les deux par terre mais le grand frère ne se détachait toujours pas du petit frère. "T'es pas cassé. T'es unique. Et moi je serai toujours ton grand frère, toujours, pour toujours."

---

---

La douce mélodie des éclats de rire d'enfants remplissait la salle de bains de la maison des Shacklebolt. Imani était à genoux, aidant Jabari à faire des éclaboussures dans l'eau du bain tandis que Layla jouait avec ses petits canards fait de bulle de savon qui flottait autour d'elle. Nkosana entra dans la pièce, un air soucieux sur le visage. Il embrassa Imani et lui dit doucement :

"Esihle est arrivée."
"C'est bien qu'elle soit de retour. Tout va bien avec elle ?"

Nkosana soupira et prit un tabouret pour s'asseoir près du bain. "Je ne suis pas sûr. Je crains qu'elle n'ait pas encore surmonté tout ça."

Imani posa une main réconfortante sur l'épaule de Nkosana. "Elle a besoin de parler de ce qui s'est passé, mon amour. C'est le premier pas vers la guérison. Fais-lui savoir que nous sommes là pour elle, peu importe ce qu'elle a vécu. Et si elle est prête à partager, nous l'écouterons."

Nkosana acquiesça, se sentant toujours reconnaissant du soutien d'Imani. Se tournant vers la baignoire, il aida sa femme à terminer le bain des enfants, jouant avec sa petite dernière. Les deux parents partagèrent des sourires complices en contemplant ces petits moments de bonheur familial.

En finissant, ils enveloppèrent les enfants dans des serviettes douces et les emmenèrent dans leurs chambres. Imani prit soin de les border, de leur raconter une histoire douce et de leur souhaiter une bonne nuit, tandis que Nkosana leur donnait chacun un baiser sur le front.

Quand les enfants furent bien endormis, Nkosana et Imani se retirèrent discrètement de leurs chambres. La nuit s'étendait paisiblement sur la maison des Shacklebolt et lorsque Nkosana descendit pour retrouver sa petite soeur, c'est dans son jardin qu'il la retrouva. Il eut un regard vers la cigarette qu'elle tenait. Cela faisait quelques temps déjà qu'il avait arrêter mais l'envie ne l'avait jamais vraiment quitter.

"Ils ont tellement grandi...je suis contente de vous revoir"
"Nous aussi nous sommes content." Assurait-il, allant s'asseoir sur la banquette extérieur de son jardin, observant le ciel à son tour. "Je sais que c'est pas vraiment ce que tu cherches mais, il y a un poste dans une équipe du département. Il cherche un nouvel agent de liaison... Je pourrais appuyer ta candidature. Je sais qu'Alaric Black préfèrerait travailler avec un homme mais t'as les moyens de lui prouver à quel point il a tord."
"Le roi de Londres" commenta Esihle dans un murmure avant de hausser les épaules. "Pourquoi pas...depuis mon année sabbatique avec baba je n'ai pas eu la joie d'être regardée de haut par des diplomates en manque d'attention."

Le sourire qu'elle arborait à présent ne laissait que peu de doute dans l'esprit de Nkosana, il savait à quel point sa petite soeur jubilait lorsqu'elle rabattait le caquet d'un homme.

"J'irai déposer ma candidature."

Nkosana laissa un silence doux s'installer entre eux avant de reprendre la parole.

"Comment tu vas ? Vraiment ?"
"Ca va...mieux", dit-elle en passant une main sur sa nuque. "Plus que le mariage et j'aurai tout gagné."
"Ne soit pas pressée", ne put il s'empêcher de lui répondre. "Laisse moi un peu profiter de la présence de ma petite soeur avant." Il reposait ses yeux sur elle. "Laisse moi être là pour toi."
"Tu as encore du temps, je ne compte pas me jeter dans les bras du premier sang pur que je croise et puis...que je te laisse ou non je sais que tu seras toujours là pour moi tu sais...  "

Elle détournait le regard et Nkosana la libéra de son bras alors qu'il sentait qu'elle s'apprêtait à lui parler, à le faire vraiment.

"Parfois j'ai l'impression d'avoir laissé une part de moi derrière ce jour là."

Le silence, plus lourd cette fois, s'abattait à nouveau entre le frère et la soeur, romput par des sifflements lorsqu'Esihle préféra s'exprimer en fourchelangue. Cela venait toujours titiller étrangement l'oreille de Nkosana, même s'il n'avait jamais rien exprimer à ce sujet, entendre quelqu'un qui n'était pas né avec cette capacité était très différent que lorsqu'il écoutait Thandie.

"Quand tu as un enfant...c'est difficile de l'aimer ? Peu importe ce qu'il est où ce qu'il deviendrait ?"

La question le laissait silencieux. Pour lui, chaque naissance qu'il avait vécu avec son épouse avait été une source de joie indescriptible.

"Non ça ne devrait pas l'être." Dit il simplement en fourchelangue également. "Lorsqu'Imani est tomber enceinte du deuxième, j'avais peur de ne pas ressentir la même intensité. J'avais peur de moins l'aimer parce qu'il était le deuxième, il n'avait pas l'avantage d'être... Inédit." Remarquait il en essayant d'expliquer ce qu'il avait pu ressentir a l'époque et pour un homme qui s'épenchait peu sur ses sentiments, ce n'était pas chose facile que de trouver les mots exacte. "La grossesse n'était pas inédite mais à sa naissance j'ai vite compris qu'il l'était autant qu'Amara, et j'ai surtout compris que tout l'amour que j'ai ressenti pour Amara ne s'est pas divisé pour le partagé équitablement avec son frère. Il s'est multiplier." Il marquait une pause. "et dans un monde idéal chaque enfant devrait naître dans un foyer capable de les aimer sans conditions. Pour moi ce n'était pas difficile, c'était aussi naturel que respirer."

"Dans un monde idéal..." avait répété sa soeur d'une voix empreinte d'une nostalgie particulière, d'un scepticisme quelque peu ombrageux. "On en est loin...ou du moins ils en sont loin..." ils...les moldus.
"On en est loin" corrigeait à nouveau Nkosana.
"J'espérai que j'arrêterai d'y penser avec le temps. Elle déglutit. "Mais c'est dans ma tête constamment...quand je dois sortir du monde sorcier c'est....j'ai l'impression d'encore le sentir"
"Les moldus n'ont pas le monopole de la violence et de l'intolérance." Il ne voulait pas laisser sa petite soeur tomber dans ce piège. "Ce qui t'es arrivé était très grave et il est normal d'être marqué par une telle expérience." dit-il en venant lui prendre la main. "Ne laisse pas l'action de quelques-uns te faire oublier la diversité et la bonté que l'on peut trouver partout."

Le rire qui échappait à sa soeur ne fit qu'accroitre l'inquiétude qu'il pouvait ressentir.

"La bonté ? Crois moi, ils n'ont rien de bon en eux, pas quand il s'agit de nous. Pas pour ce qu'ils ne comprennent pas. On est des monstres pour eux sortis de leurs contes pour faire peur aux enfants, rien de plus."

C'était bien ce qu'il craignait. Pourtant, Nkosana restait calme, compréhensif.

"La peur de l'inconnu peut parfois pousser les gens à réagir de manière irrationnelle. Ne laisse pas ces personnes cruelles définir ta perception de tout un groupe. Tu es bien trop intelligente pour te laisser aussi facilement influencer."
"Tu as raison...c'est probablement juste la colère rien de plus...ça ira mieux dans quelques temps"